Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Val de Sambre : la longue reconstruction

dimanche 02.08.2009, 04:45 - La Voix du Nord

"La cité exotique" a été bien rénovée. Dans le reste de la ville, les stigmates de cette maléfique nuit sont toujours très visibles. Quelques maisons démolies, des mobile homes, et une poignée d'hab "La cité exotique" a été bien rénovée. Dans le reste de la ville, les stigmates de cette maléfique nuit sont toujours très visibles. Quelques maisons démolies, des mobile homes, et une poignée d'hab

| UN APRÈS LA TORNADE |

Si anniversaire n'est pas le mot, le calendrier est là pour le rappeler : il y aura un an demain que s'abattait, sur quatre communes de Sambre, le maléfique tourbillon nocturne. Le préfet d'alors avait souhaité qu'en septembre 2009, on n'y voie plus rien. Or, à Hautmont, dans la zone la plus touchée, on ne reconstruit que doucement, inégalement. Et, dans la tête, les habitants restent marqués.

PAR LAURENT DECOTTE

C'était une zone densément peuplée d'Hautmont. Désormais, l'épicentre du drame est un triangle presque nu, avec des mobile homes, de rares habitations éventrées toujours pas démolies, et d'aussi rares maisons en construction.

Cette phase intermédiaire est moins douloureuse pour les sinistrés que lorsque les vestiges rappelaient le malheur, mais cette impression de vide accentue l'envie que ça aille vite. Que l'on avance. Et que les entreprises faiseuses de maisons, ici, plus qu'ailleurs, de « cocons », entrent en action.

Marilyne Roland a déposé son permis de construire lundi. «  J'espère voir débuter le chantier fin septembre, début octobre ». En attendant, elle vit en mobile home avec son mari et son garçon de 21 ans. Devant cette maison d'été provisoire dans laquelle elle a passé l'hiver, et probablement le prochain, un vrai jardin luxuriant de bambous, d'aubépines et de fleurs, tous plantés dans de grands pots posés sur le gravier. «  Ça nous permet d'être un peu chez nous. » Dans cette même rue du Vélodrome, Andrée et Bernard Fauquet commencent, eux, à «  tenir le bon bout ». Andrée observe, avec le sourire et un peu de fierté, sa maison quasiment terminée : «  Il ne restait que les murs. Pour vous dire, les arbres ont traversé l'entrée, la table de salle à manger et les meubles de cuisine ». On réalise alors la force destructrice des vents à plus de 300 km/h qui ont soufflé cette nuit-là.

La chance de ce couple, si ce n'est, miraculeusement, de ne pas avoir été blessé, a été de réussir à rallumer l'ordinateur dans lequel toutes les photos de leur mobilier et immobilier étaient stockées. «  Mon mari avait fait ça après un incendie dans le quartier, et on ne regrette pas.

 » Résultat, aucun problème avec l'assurance, et aujourd'hui, le bonheur presque retrouvé.

À l'inverse de ce couple de quinquagénaires, assis à l'entrée de son mobile home. Ils semblent abattus, démoralisés, presqu'anéantis. Après des mois à se battre avec leur assurance, ils ont fini par signer un compromis en juin. «  Ils ont chipoté sur tout et aujourd'hui, on va en avoir pour moitié de notre poche. On n'a pas accepté ce qu'ils nous proposaient au début, la maison a pris l'eau, et aujourd'hui, ils nous mettent ça sur le dos. Alors on se fait avoir », résume monsieur, qui ne veut pas dire son nom, par peur des représailles, et que ça traîne, encore et encore. Pour l'instant, il a déposé une demande d'aide au financement des travaux auprès de l'Agence nationale de l'habitat (ANAH). Et sur son perron de bois, le couple attend, attend encore. «  Usé » d'avoir dû se battre autant, et usé aussi par toutes ses démarches administratives, à un âge où ils pensaient être tranquilles.

Moins le moral

Curieusement, Lucienne Valvendrin semble, elle aussi, avoir un peu moins le moral qu'à notre dernière visite, il y a quelques mois. Pourtant, elle a depuis quitté son mobile home et réintégré sa maison toute neuve. Mais cette dame âgée ne s'y reconnaît plus. «  Avant, j'avais un bois devant, un bois derrière. Maintenant, le quartier est nu, j'ai perdu tous mes repères. Je ne m'y plais plus. Et puis ce vent... » En mai, de grosses rafales ont soufflé. De nombreux habitants se sont rhabillés, abrités comme ils le pouvaient sous une table ou ailleurs, apeurés. Forcément, ils n'oublieront pas cette nuit, mais tous veulent aller de l'avant. Lucienne insiste : «  Il faudrait déjà commencer par arrêter de nous appeler "les sinistrés". » •



02/08/2009
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