Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Val de Sambre : après la tornade, à l'abri mais pas chez soi

Vivre dans un bungalow parce que la tornade a ravagé leur pavillon, c'est l'amertume partagée depuis un mois par les sinistrés du val de Sambre. S'ils souffrent déjà du froid, la réalité de ne plus pouvoir rentrer chez soi est la plus douloureuse.

Renée Koralewski fouille quand elle s'ennuie. À 90 ans, la relogée maubeugeoise ne se « déplaît pas » dans son mobile home, mais elle y cherche ses repères. Sur la commode de sa chambre, Renée a réuni ses souvenirs : « Toutes mes photos avec tous mes morts. » Elle les égrène, comme pour ne jamais les oublier : «  Ma fille, mes parents, mes beaux-parents. Mon fils, mon mari, mon frère... » Aujourd'hui, elle vit avec son petit-fils de 40 ans.

Renée fait partie de ces sinistrés qui tentent de retrouver dans un bungalow l'intimité de leur maison dévastée par la tornade. D'autres ont plus de mal.

Jenny Simon, maman hautmontoise, avait bien acheté deux plantes pour égayer l'ensemble morne et impersonnel de son bungalow. Mais elle les a laissé dépérir.

Plus comme avant

Licencié au mois de juillet, Franck, son mari, n'a qu'une obsession, sa maison, rue Pierre-Curie à Hautmont : «  J'y suis du matin au soir. Je bricole ce que je peux, sinon je regarde les ouvriers travailler. » Une manière de fuir le bungalow qui lui sert de dortoir.

«  Oui, ça m'emmerde de pas être chez moi », lâche de son côté Michel Staquet, de Neuf-Mesnil. La fille de ses voisins, Amandine, 16 ans, vit mal la situation : «  Elle reste avec son copain et ne rentre pas avant 7 - 8 heures, confie Sabine, sa mère. Même après, on ne la voit plus. » Comme Franck Simon, Sabine Meunier a perdu son emploi juste avant la tornade. Quand la précarité choisit de s'en mêler... Les sinistrés sont conscients du « moindre mal » que représentent ces bungalows, alors ils évitent de trop s'en plaindre. « On pourrait être à la rue  », avisent-ils. Si les rouleaux de papier toilette voisinent parfois avec les chéquiers, le manque de place n'est pas un problème : «  On s'en accommode. » Alors, bien sûr, tout n'est plus comme avant. Illustration, à Neuf-Mesnil : des cornes de gazelle et autres pâtisseries orientales s'étalent dans la cuisine d'Halima Ouassaid. On est mercredi, et la mère de famille marocaine prépare la fin du ramadan. «  D'habitude, il y a toute la famille.  » Six enfants et douze petits-enfants. Mais ce soir-là, il n'y a que son mari. Faute de place, les enfants ne pourront pas venir : «  On se téléphone, c'est tout », explique-t-elle, compréhensive.

La nuit,règne le froid

À Hautmont, la patience des sinistrés est régulièrement mise à l'épreuve. Certains fatiguent des va-et-vient parfois malsains de quelques curieux en mal d'images « choc ». Et deux mois après la tornade, on n'a plus vraiment la force de répondre aux journalistes. «  TF1, M6... à force, on en a marre ! », souffle cette dame, avec le sourire. On la comprend.

Kathya Legrand accepte de nous ouvrir les portes de son mobile home. La température, chez elle comme chez les autres sinistrés, semble excessive. Ne pas s'y fier : le froid règne le soir, la nuit et au petit matin. La faute à des mobile homes mal isolés, trahis par leur vocation première : «  Les bungalows, c'est génial pendant les vacances, ironise Kathya. On va avoir des factures d'électricité qui feront peur... » Et tous d'appréhender les rudes nuits d'hiver.

Mais ce qui les obsède plus que tout, c'est cette maison qu'ils peuvent apercevoir de la fenêtre. Oui, cette maison, là, qui est la leur. Elle est tout près cette maison, mais à l'état de ruine. Inhabitable. Quand retrouveront-ils sa chaleur ? Seulement, la retrouveront-ils ? «  On n'en sait rien. » Renée Koralewski soupire : «  À mon âge, je crains fort... » •



06/10/2008
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