Tornade Hautmont

Ce soir-là, un nouveau convoi de mobile-homes est arrivé de Vendée. Bientôt, il y aura trente-neuf de ces logements dans tout le quartier, pour une période de dix-huit à vingt-quatre mois. Dans la poussière des bulldozers, des pelleteuses et des camions de l'armée, Hautmont s'échine à panser les blessures ouvertes le soir du 3 août. Des vents de 320 km/h laissant dans leur sillage trois morts et 1600 logements endommagés à Hautmont, Maubeuge, Boussières et Neuf-Mesnil.

Catastrophe pour une vallée qui peine déjà suffisamment à retrouver un second souffle économique. Il y a quarante ans, Hautmont, c'était la ville aux cent une cheminées, un bastion de la sidérurgie. Aujourd'hui, c'est 20 à 25 % de chômage. Le quartier qui a tout pris de la tornade, est sur la rive gauche de la Sambre, c'est un quartier populaire avec ses ouvriers, ses immigrés, ses personnes âgées qui veulent « rester sur leur terre ».

Depuis un mois, Madani Hannachi dort à peine deux heures par nuit. Lui qui a connu trois tremblements de terre en Algérie et en Turquie, s'occupe de tout : relogement, ravitaillement, relations avec la ville : « Je connais tout le monde. Je suis là pour le coeur. » Éric Roger, qui pilote les vingt-cinq bénévoles du Secours catholique, craint les prochaines semaines : « Il y a encore du monde sur place. Mais, comme dans tout deuil, c'est quand la famille s'en va et que l'on se retrouve seul avec ses souvenirs, que c'est le plus dur. »