Tornade Hautmont

La famille Attrouche a passé une bonne nuit. Dans son quartier, sur les hauteurs d'Hautmont. Fatma et Mehana, 53 et 60 ans, et leurs cinq enfants âgés de 16 à 35 ans, ont été parmi les premiers sinistrés à dormir dans les bungalows (1) prêtés par l'État. Comme les autres familles qui ont opté pour cette solution de 50 m², Mme Attrouche ne regrette pas son choix : « On nous a proposé un logement dans Hautmont mais il était hors de question que nous partions. Cela fait vingt ans que nous habitons là. Nous aimons trop notre maison.

 » La maison se trouve justement en face, de l'autre côté de la rue Aimé-Collet, à seulement 10 mètres. Il n'y a que la chaussée à traverser. Dans sept mois, le pavillon, qui a été comme soufflé par une explosion, aurait été entièrement payé. Toute une vie de travail et de souvenirs balayée en quelques secondes... Trois semaines plus tard, la gorge est encore nouée et les yeux mouillés.

C'est donc avec délivrance que, vendredi après-midi, Fatma et Mehana Attrouche ont reçu, des mains du maire hautmontois, Joël Wilmotte, les clés de leur bungalow. Aidés d'amis, ils ont commencé, « tout doucement  », à prendre possession des lieux. Ranger la vaisselle et les vêtements dans les placards, faire un brin de ménage. Et se poser, enfin. Prendre le temps de « respirer ».

Merouane, l'un des enfants, ne cachait d'ailleurs pas son soulagement : « Depuis la tornade, je n'avais pas vu mes parents sourire. Mais, tout à l'heure, quand le maire leur a remis les clés, j'ai vu leurs visages s'ouvrir et ça fait du bien.  »

Un bon repas

Pour leur première soirée dans le bungalow, les Attrouche ont improvisé un bon repas. Ensemble et en toute simplicité. Le début d'une nouvelle vie pour Merouane : « Cela fait longtemps qu'on n'a pas mangé tous ensemble. On va se rattraper et profiter les uns des autres. Ça va nous faire du bien à tous de nous retrouver un peu. » Et l'avenir ? La famille Attrouche n'ose pas y songer, pour le moment. Les techniciens et assureurs leur ont dit qu'ils pourraient rentrer dans leur nouvelle maison, sur leur emplacement, d'ici vingt-quatre mois, mais que le quartier ne serait pas remis en état avant trois ans. « On va vivre au jour le jour », rapporte un autre des fils, Sofiane. Néanmoins, tout le monde sait déjà qu'il y aura des moments difficiles à cause de la promiscuité, de l'hiver, de la longue attente... Et de nombreuses familles vont être dans le cas des Attrouche, à l'heure où l'État a fait un dernier bilan de la tornade qui s'est abattue dans la nuit du 3 au 4 août sur les communes de Boussières-sur-Sambre, Hautmont, Neuf-Mesnil et Maubeuge : 1 100 logements endommagés (dont 373 inhabitables), 3 057 personnes touchées et 700 véhicules détériorés. Le coût de cette tornade dépassera bien les 40 millions. •

> 1. - Au total, cinquante familles de la Sambre ont opté pour un bungalow (22 sont arrivées cette semaine, 16 la semaine prochaine et 12 la suivante) les autres ont été relogées par les offices d'HLM et bailleurs privés.