Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Travailler pour oublier la tornade

Reprise du travail quelques jours après la tornade. PHOTO DIDIER CRASNAULT.

Isabelle est aide à domicile. Le toit de sa maison, rue Béranger à Hautmont, s'est envolé. Avec lui, l'envie de retravailler. Elle a interrompu son contrat lundi et ne pense pas reprendre de suite. En revanche, d'autres sinistrés sont allés travailler mardi, 48 heures à peine après le passage, chez eux, de la tornade.

PAR EMMANUELLE LATOUCHE
region@lavoixdunord.fr

Ne lui parlez pas de son retour au travail prévu lundi ou les yeux de Martine Chedevillet se rempliront de larmes. «  Mon travail, c'est soigner les gens à l'hôpital d'Hautmont. L'endroit, endommagé, me rappellera que ma maison est entièrement détruite. Et je m'occuperai des blessés de cette fichue tornade. » Elle lève les yeux de désespoir.

Comme elle, des dizaines de sinistrés sont en congés d'été, «  les pires de ma vie », insiste Stéphanie, dans une file d'attente de la mairie d'Hautmont. «  Je ne sais pas quand le contre-expert en assurance passe chez nous, il y a tellement de choses à faire, en plus du déblaiement. Alors la reprise mardi, j'ai du mal à l'imaginer », poursuit la jeune femme.

Pascal Sannier - encore officiellement domicilié rue Fernand-Roussel et poussé par sa famille à poser la dernière semaine de congés qui lui restait pour s'occuper des dégâts - a hâte, lui, de retrouver ses fours à pain. Parce que c'est son gagne-pain, qu'il aime son métier de boulanger, «  mais surtout parce qu'ils ont besoin de moi. Ils ont fait un geste en m'accordant ces jours, je leur dois bien de revenir vite ! ».

Mais tous les sinistrés, forcés de poser plusieurs jours, n'ont pas cet enthousiasme. «  Mon patron m'a logiquement mis en congés d'office, il y a tellement de trucs à faire. Mais c'est dans quinze jours que j'aurai sûrement besoin de souffler, d'être vraiment en congés, lâche Daniel, perché sur le restant de toit de sa maison, avant de se raviser. Quoique, ça me changera les idées de retrouver le magasin. »

« Et avec le sourire... »

C'est un peu pour cette raison que Jean-Paul Favier a retrouvé l'usine Interfit à Maubeuge dès mardi. «  Parce que c'est encore pire d'être là-bas. » « Là-bas », c'est chez lui, quartier Montplaisir à Maubeuge. Sa maison n'a plus de toit, les plafonds se sont effondrés, mais «  ce n'est rien comparé à d'autres ». Alors lundi, il a bâché sa maison et est allé aider ses voisins. Avant de se lever à 5 h 30 mardi pour travailler.

Pour l'instant, dix-neuf salariés de cette usine métallurgique sont sinistrés. Une cellule de crise a donc été installée pour recenser les divers cas et s'assurer que tout le monde va bien. «  Il n'y a pas de blessé, souligne Bruno Rivat, directeur du site. Mais nous n'arrivons pas à joindre quinze personnes, peut-être parties en vacances, ou sans moyen de communication. » L'entreprise aurait bien accordé davantage de jours à Jean-Paul, Michel, Daniel et les autres, «  mais à ma grande surprise, ils ont tenu à revenir, et avec le sourire... ». L'entreprise les aidera autrement : le groupe Vallourec, dont Interfit est une filiale, a versé hier, comme plusieurs dizaines d'entreprises de toute taille dans la région, une «  première belle somme » à l'Association des maires de France. Elle aidera également au cas par cas chacun de ses salariés. « Je ne veux rien, insiste Jean-Paul, inquiet dès que l'orage gronde. Je veux tourner la page, ne plus en parler. Celui qu'il faut aider, c'est Momo. » Mohammed Ladi est encore au bled, au Maroc.

Sa maison était mitoyenne à celle des époux Fichaux. Elle n'est plus qu'amas de briques. «  Il venait juste de finir ses travaux, il n'en reste rien. » •



09/08/2008
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