Tornade Hautmont

Sur les panneaux installés dans la salle de bal du centre culturel d'Hautmont, il y a des photos, des dessins et des mots d'enfants aussi. En juin, des élèves de Jules-Ferry et Victor-Hugo ont reçu des appareils. Leur mission : sillonner la ville avec leurs instituteurs. C'est leur regard sur les dégâts de la tornade et la reconstruction qu'ils offrent au public aujourd'hui au travers de leurs clichés. Des images des collégiens de Ronsard sont aussi associées. Le public pourra également voir les photos de professionnels de Paris Match et de La Sambre.

Enfin, Damien Alitti expose plus d'une vingtaine de clichés.

Le quotidien dans un mobil-home

À 30 ans, Damien Alitti est photoreporter, indépendant, installé dans le sud-est. La tornade, il en a entendu parler en août, «  ça m'a marqué  ». Alors rapidement, il a l'envie de venir à Hautmont, appareil en main, «  montrer les conséquences sur la vie des gens  » : «  Je suis photoreporter spécialisé dans les sujets sociaux. Les dégâts matériels, il faut les montrer, pour témoigner et informer mais moi, je suis plus dans le quotidien des gens », explique-t-il. Et c'est dans celui de la famille Cardon qu'il va s'immiscer - invité - pendant plusieurs semaines.

Quand il vient sur place la première fois, en novembre, Damien Alitti n'est pas très bien accueilli : «  Une dame rencontrée dans le quartier m'a dit que les gens étaient usés des photographes et des journalistes... » Alors il passe par le service presse de la ville, rencontre Gérald Tondeur, président des sinistrés, puis Sandrine et Jacky Cardon. La famille lui ouvre ses portes, en l'occurrence celles du mobil-home que le couple occupe avec ses trois enfants (un garçon de 11, deux filles de 18 et 22 ans). La maison est inhabitable, elle n'a plus de toiture. C'est ce quotidien dans le mobil-home qui intéresse Damien Alitti. Il reviendra à Noël, «  parce que les festivités c'est une tradition de fête à Hautmont » en mars et en mai, quand la famille retrouvera sa maison réparée.

D'entrée, le photographe a bien sûr expliqué sa démarche : «  Je leur ai dit : "je ne suis pas là pour dire que tout va bien, pas là non plus pour dire que tout va mal, juste pour montrer la réalité". Je ne voulais pas les misérabiliser.

 » Chez les Cardon, la décision d'accueillir le photographe a été prise de concert. Pour Sandrine Cardon, «  c'était tout simplement pour que les gens réalisent que ce n'est pas parce que nous sommes en mobil-home que nous sommes sauvés ! Nous étions cinq à vivre dedans, ce n'était pas évident. Et malgré tous les dons, c'était pas la joie avec les frais des deux logements. Pour éviter l'humidité et les champignons, on a dû continuer à chauffer la maison. » D. Alitti passait ses journées en famille : «  On l'a mis à son aise pour qu'il puisse travailler, explique Sandrine. Nous n'avons jamais été gênés. Il a toujours été très agréable, très prévenant. Il est toujours resté à sa place », l'oeil derrière l'objectif. Des premiers clichés de Damien Alitti ont été publiés en fin d'année dans un numéro de La Croix . Mais son travail n'est pas achevé : «  Ça s'arrêtera quand tous les travaux seront vraiment finis.

 » En tout cas, le travail du photoreporter : «  Nous avons des rapports amicaux », avoue Damien Alitti «  Une relation d'amitié s'est créée » constate Mme Cardon. • M. C. H.

vendredi 31.07.2009, 04:50 - La Voix du Nord