Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

« Papa, t'ouvriras tes cadeaux sans nous... »(3/3)


 Madani Hannachi, avec sa fille, Nadhera. Elle est triste de ne pas avoir pu passer Noël avec son père.
Madani Hannachi, avec sa fille, Nadhera. Elle est triste de ne pas avoir pu passer Noël avec son père.

|  NOËL AVEC LES SINISTRÉS À HAUTMONT (3/3) |

Fin du récit du Noël de M. Hannachi, dans le quartier hautmontois sinistré par la tornade (« lire aussi pages 6 et 7 »).

15 h 32.- Lorsqu'il quitte Fernand Roland, Madani a lui aussi les larmes aux yeux. L'épisode de l'hôpital l'a beaucoup ému : « Ça n'a pas de prix. Il faut sentir l'autre. Si t'as du respect pour lui, t'inquiètes pas. Y en aura toujours en contrepartie. » 15 h 45.- Retour à Hautmont. Dans la voiture, M. Hannachi se souvient que sa journée a débuté à 4 heures du matin. Deux appels «  pour dépanner un truc ». Non, ce qu'il retient Madani, ce sont ces enfants du quartier, qui ont tapé à la porte de son préfabriqué, à 4 h 30 : «  Ils sont venus me dire "joyeux Noël". » 15 h 55.- La journée progresse dans le calme. C'est Noël, peu de personnes composent le numéro d'urgence de Madani Hannachi. Alors il poursuit sa ronde, mobile home par mobile home. Pointe encore l'outrecuidance des chauffeurs de bus, quand son regard croise le fameux talus de la rue Aimé-Collet.

Mercredi, lors de la visite de Michèle Alliot-Marie, le responsable de zone hautmontois a attrapé froid. «  Vous êtes pâle, vous êtes malade, M.

Hannachi ? lui demande Virginie Sehil, une dame sinistrée. Voilà de l'essence algérienne. Ça dégage le nez.  » Le sexagénaire accepte. C'est à peu près la seule chose qu'il aura accepté : «  Je ne veux pas qu'on dise : "Madani, il est parti boire un coup". Des fois, j'ai la gorge sèche. Mais malgré ça, je dis non. » Son ami Gérald Tondeur lui a trouvé un sobriquet : «  Le chameau. » 17 h 19.- Nadhera téléphone à son père. Ça y est, elle est rentrée à Boulogne-sur-Mer.

17 h 30.- La nuit est tombée, mais Madani poursuit sa tournée. «  Ça c'est une maison de fumeurs, on peut rester longtemps ! » plaisante-t-il en indiquant le bungalow de Chantal et Jean-Claude Carion. Il en profite pour examiner une facture : «  J'ai dit à mon mari :" Faut qu'on demande à M. Hannachi !"  », rapporte Chantal.

18 h 40.- Madani Hannachi répond à son téléphone. Deux de ses filles, Assia et Samia, ainsi que Jean, le mari de Samia, sont venues exprès de Paris pour passer Noël avec lui. Comme tous les ans. Mais cette fois-ci, il n'y aura pas de fête, rue du Fort, dans la maison Hannachi, juste des cadeaux rapidement posés dans la maisonnée. Non, ses filles et son gendre savent où trouver Madani : devant le préfabriqué de la rue Aimé-Collet. Des baisers vite échangés et Assia lance, d'une voix faussement affirmée : «  On est venu, maintenant on s'en va. » «  Papa, t'ouvriras tes cadeaux sans nous... », continue Samia, au bord des larmes. Lorsque la porte se referme, Assia ne peut s'empêcher de craquer. Les filles de Madani auront fait l'aller-retour Paris-Hautmont pour voir leur père trois petites minutes. «  Quand tu vois ça, t'as les boules, reprendra Madani après un long silence. Ça faisait cinq mois que mes enfants ne m'avaient pas vu. Mais j'espère qu'un jour, ils comprendront. Je ne regrette rien, le travail, c'est le travail. S'il se passe quelque chose derrière moi, je ne me le pardonnerais jamais. »



29/12/2008
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 12 autres membres