Tornade Hautmont

Il trouve encore la force de sourire, Fernand, quand il dit : «  Tous les gens qui viennent me voir me disent que je suis ressuscité. » Dimanche soir, Fernand Roland, riverain de la tristement célèbre rue du Vélodrome à Hautmont, vient d'atteindre sa chambre au premier étage quand il voit «  une grosse boule au milieu de la pièce, on aurait dit un cylindre, qui a commencé à tourner ». Pris de panique - «  ça faisait un bruit terrible » - il tente de rejoindre sa femme au rez-de-chaussée mais s'évanouit en haut de l'escalier : « Là, j'ai perdu la notion du temps. » Quand il reprend ses esprits, il est dans le jardin de son voisin : « J'ai dû traverser le mur, je ne sais pas... Quand je me suis réveillé, j'étais sous les décombres, des briques, des branches. Il pleuvait, je criais après ma femme. Un voisin est venu me voir avec une lampe torche et m'a dit: "T'en fais pas Fernand, je vais chercher du secours." Ce sont les pompiers qui m'ont dégagé. » L'un d'entre eux est venu le voir, mardi, pour prendre des nouvelles.

Vu la violence du choc, il s'en sort plutôt bien, Fernand : quelques fractures, une côte cassée et une épaule déplacée. On lui fait remarquer qu'il est résistant : « Faut croire. Le docteur m'a dit : "On se demande comment vous êtes encore là." » D'autres ont eu beaucoup moins de chance. Le jardin dans lequel il a atterri est celui de Michel Fichaux et de sa femme, morts sous les décombres de leur maison. Il se met à pleurer : «  Quand on m'a dit ça... C'était un bon copain, je travaillais de temps en temps avec lui. » Son autre voisine, Yvette Colmain, est la troisième victime de la tornade... Après deux scanners, Fernand Roland ne sait toujours pas quand il pourra quitter l'hôpital. En fait, il s'en fiche un peu : «  De toute façon, je n'ai plus de logement. Mon fils habite près de chez moi, mais il n'a plus de maison non plus. Je ne sais pas où je vais aller, alors je ne suis pas pressé de sortir. » •