Tornade Hautmont

Depuis le drame, avec la famille, ils dorment ensemble. Serrés. Au rez-de-chaussée. «  Je ne veux plus dormir à l'étage. De toute façon, je ne veux plus de logement avec un étage. » Le soir de la tornade, Christiane Gharbi est au rez-de-chaussée. «  Si j'étais montée me coucher, on ne m'aurait même pas retrouvée. »

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le ciel s'est de nouveau assombri. Il a plu, un peu tonné. Farouk, père de famille, a guetté. «  Je fais 100 kg, je suis pas un peureux, mais là... » Et hier, soir, l'orage a grondé. Satané !

Passé l'urgence, les papiers, le déblaiement, les traumatismes ressurgissent. Chez les enfants aussi. Comme le petit garçon de Stephen Carpraux. Cinq ans. « Dès qu'il entend un bruit. Par exemple, hier, un camion-benne, il a peur, il me dit : "papa, papa, c'est la tornade." »

Une cellule de soutien tourne sur le terrain depuis le drame. Une autre a été mise en place aux urgences de Maubeuge. Mais Stéphane Wilmotte, conseiller municipal, lance un appel : «  Aujourd'hui, l'urgence est psychologique, on manque de psychologues. »

Pour l'instant, peu de monde a fait appel aux médecins. « Les gens ne réalisent pas ce qui leur arrive, explique le docteur Laurent Bohet, chef de service au centre de psychothérapie de Maubeuge. Ils sont en état de sidération mentale. Le plus dur, ce sera dans quelques mois. » En médecine, on parle de deuil différé. «  Ils sont choqués, poursuit le docteur Bohet. Leur traumatisme est comparable au traumatisme de guerre. Les gens ont eu peur de mourir et vont avoir besoin de temps pour prendre conscience du malheur vécu. »