Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Madani Hannachi,l'ange qui veille sur les sinistrés de Hautmont


De simple bénévole, cet Hautmontois de 65 ans est devenu le relais officiel des sinistrés auprès de la mairie. Rencontre avec un homme de coeur.

Officiellement, il est  "chargé de mission pour les besoins de la population sinistrée". Un poste nouveau créé spécialement pour lui à la commune, il y a deux semaines. Une formule administrative, un peu lapidaire, qui a transformé son statut de "simple" bénévole en celui, rémunéré, d'employé de mairie. Un titre qui en réalité ne change pas grand-chose. Car dans le quartier Exotique, Madani Hannachi est « un ange », comme on dit ici, d'une seule et même voix.
Il est l'ange qui veille sur les sinistrés de Hautmont.

«Michel Fichaux était comme un frère pour moi»

Madani Hannachi n'aime pas beaucoup parler de lui. Il dira tout juste son âge, un peu gêné. 65 ans. 66 le 11 janvier prochain. Il expliquera qu'il est né en Algérie, à « BBA ». Bordj Bou Arreridj. Une ville qui se trouve juste en dessous de la Kabylie, non loin de Sétif. Il est arrivé en France en 1953. 
Il ajoutera encore qu'il a été fondeur, pratiquement toute sa vie. A Cockerill principalement, où il est entré en 1959 pour y travailler jusqu'à la fermeture, au milieu des années 80. Cockerill où il a bien connu Michel Fichaux, qui était «comme un frère». Michel Fichaux qu'il sortira, des dizaines d'années plus tard, le 3 août dernier, des décombres de sa maison... « Sa tombe »,  lâche-t-il, les yeux  encore rouges.

« Je suis fier
de ce que je fais »

Madani Hannachi s'est marié en 1965, a eu six enfants. Deux filles et quatre garçons. Il est veuf depuis 1993. Au mariage de sa fille aînée, Samia, le 5 octobre dernier, elles étaient plus de 800 personnes à répondre à son invitation. Mais il n'a pas été très présent, parce que son téléphone sonnait tout le temps. Les sinistrés avaient besoin de lui...   
Sur lui justement, il n'en dira pas beaucoup plus. De toute façon, ça ne sert à rien, il y aurait trop à raconter. Madani Hannachi préfère parler de ce qu'il fait. ça en dit bien plus sur ce qu'il est...«  Un homme de terrain », répète-t-il. Et son terrain aujourd'hui, c'est « les mobiles », comme il dit. C'est venir en aide aux gens qui vivent dans les bungalows. Tout à son combat, il en parle plus volontiers, sans presque reprendre souffle, parce qu'il est « très fier » de ce qu'il fait.
  Un chauffe-eau capricieux, une gazinière qui ne s'allume pas... Toute la journée, il est auprès des sinistrés. Pour recenser leurs besoins. Il dépanne aussi. Beaucoup. Répare ce qu'il peut. Les petits tracas matériels qui pourrissent l'existence... Sans lui, la vie comme elle est devenue ici  pour toutes ces familles hautmontoises serait sans nul doute plus difficile encore.  
Dès le 4 août, au lendemain du passage de la tornade, il a distribué une carte aux habitants du quartier. Dessus il a écrit "Madani Hannachi, responsable de zone, disponible 24  h sur 24,  7 jours sur 7", avec son numéro de téléphone. Les gens peuvent l'appeler quant ils le veulent. Lui n'a pas été touché par la tornade, car il n'habite pas dans ce quartier de Hautmont. Alors on lui a installé un bungalow ici. Et c'est devenu son bureau. « Quand la lumière est allumée, ça veut dire que je suis là. C'est un code qu'on a entre nous ». La lumière n'est pas souvent éteinte et Madani dort ici quasiment toutes les nuits. Pas plus de deux heures.

« Voir les gens sourire, c'est ça
mon salaire » 

Il est devenu le porte-parole des sinistrés auprès de la municipalité. Il devine et transmet leurs besoins au maire, Joël Wilmotte qui, selon Madani, réagit très bien à ses sollicitations. « Je suis très fier de travailler avec lui. Il fait du bon boulot. Quand je demande quelque chose, il le fait tout de suite », tient-il à souligner.
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur Madani Hannachi. Qu'il a été médaillé deux fois par l'armée en octobre dernier, par exemple .   Ou encore qu'il a fait plusieurs fois le tour du monde, pour venir en aide aux populations victimes de catastrophes. En Algérie, en Turquie, notamment, quant il y a eu les tremblements de terre... Et puis, il reste une question : pourquoi fait-il tout ça  ?

 «  Je ne sais pas moi-même, j'ai toujours été comme ça. C'est plus fort que moi. J'aime venir en aide aux gens, c'est tout. Pour moi la plus grande richesse du monde, c'est de voir les gens sourire, être heureux. C'est ça mon salaire ».

Dans le quartier Exotique, tout le monde vous le dira : Madani Hannachi est « un ange ».


11/12/2008
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