Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Madani Hannachi, le saint patron des relogés de la tornade (1/3)

 Madani Hannachi fume: «C'est le seul défaut que j'ai!» (rires).
Madani Hannachi fume: «C'est le seul défaut que j'ai!» (rires).

|  NOËL AVEC LES SINISTRÉS À HAUTMONT (1/3) |

Madani Hannachi est chargé de mission à la mairie d'Hautmont. Dévoué auprès des victimes de la tornade, Madani ne parle pas facilement de lui. Alors ce sont ses amis, les Hautmontois sinistrés, qui le font à sa place.

PAR JULIEN CASTELLI

maubeuge@lavoixdunord.fr

« Si je suis absent, je ne suis pas loin. Je suis sur la zone sinistrée. En cas d'urgence, vous pouvez m'appeler (...) 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 », est-il écrit sur une fenêtre du préfabriqué de la rue Aimé-Collet. L'endroit sert de « QG » à Madani Hannachi, «  notre concierge des mobile homes ! », rit Claudie Duret, une Hautmontoise sinistrée.

Car d'aucuns vous le diront : «  Quand on a un souci, c'est Madani qu'on va voir. » Qu'ils aient besoin de changer une bouteille de gaz, discuter des termes d'un contrat d'assurances ou simplement trouver du réconfort par quelques mots gentils, les relogés de la tornade savent qu'ils peuvent compter sur Madani. «  C'est sur son dos que passent toutes nos emmerdes ! », témoigne, réaliste, Jean Duret. «  C'est l'patron ! résume Jacky Cardon. On peut lui demander ce qu'on veut, il est toujours là. Je le remercie beaucoup. » Lorsqu'il entend ces compliments, l'homme âgé de 65 ans se fait tout petit dans son éternelle parka orange et bleue. Il baisse pudiquement ses yeux las, qui vont se blottir derrière deux pommettes saillantes. Pour lui, rien d'étonnant à se lever à 4 heures du matin, l'hiver en période de gel, afin de répandre du sel (antiglisse) sur les marches en bois des mobile homes. Rien d'étonnant non plus à revenir du mariage de sa fille les bras chargés de boîtes de chocolat, pour tous les sinistrés. Rien d'étonnant à leur dévouer sa vie.

Mais il y a une chose que Jacky Cardon trouve étonnante et il lui dit : «  T'as vu dans quoi tu vis ? Avec tout le travail que tu fais, t'as juste la place pour mettre un matelas par terre. Ce soir, je te ramène un sommier. » Son préfabriqué est des plus exigus (2 mètres de large sur environ 8 de long), mais ça convient à Madani, qui ne dort, de toute façon que «  deux heures par nuit ». Sa toilette ? Il dit qu'il va la faire «  au café du coin ». Et s'il n'a pas encore été payé pour sa mission, ça lui est complètement égal.

Madani Hannachi a accepté de sortir du bénévolat uniquement par amitié : parce que Joël Wilmotte le lui a demandé. «  Du moment que j'ai quelque chose pour être à l'abri, le reste je m'en fous. J'ai passé trois mois sans bungalow, je dormais dans ma voiture. » Et pourtant, il possède une maison à Hautmont, quartier du Fort, mais ne s'y rend jamais : «  Je ne suis pas tranquille. J'ai toujours peur qu'il arrive un problème ici. » Sinon, que sait-on de Madani Hannachi ? «  La tête est née au bled et les pieds ici », résume-t-il laconiquement. Arrivé d'Algérie en 1953, il a exercé l'activité de fondeur chez Cockerill. La tornade du Pommereuil, en 1967, il l'a vécue en donnant un coup de main, déjà. Et Madani Hannachi reste évasif sur son emploi du temps, d'avant le 3 août 2008 : «  J'étais à Damas et au Liban » pour «  certaines choses » qu'on devine humanitaires. Il n'en dira pas plus. Une fois que tout sera terminé, qu'il n'y aura plus personne à reloger, comment occupera-t-il ses journées ? La réponse fleure l'évidence : «  Je prendrai ma route. »



29/12/2008
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