Tornade Hautmont

Rien à faire, vous ne le verrez pas en photo, il a catégoriquement refusé de poser pour notre objectif : «  Les services techniques, nous a-t-il répondu, c'est une équipe. Moi je ne fais que transmettre ce qu'ils ont vécu.

 » Didier Colinet, directeur du centre technique municipal : c'est lui qui était d'astreinte au soir du dimanche 3 août lorsque, vers 22 h 30, le fils du concierge du conservatoire de musique a appelé : une partie de la toiture venait de s'envoler. «  J'ai pris ma voiture, mais je n'ai jamais réussi à atteindre le conservatoire, raconte-t-il. Les arbres tombaient partout. Alors j'ai fait demi-tour et je suis allé au centre technique où j'ai rappelé tous les gens d'astreinte. » Vers 23 heures, soit près d'une demi-heure après le passage de la tornade, les employés municipaux entraient en scène.

Ceux qui ont mis le nez dehors cette nuit-là, ceux qui ont vu les rues de Maubeuge jonchées d'arbres et de débris savent à quel point les services municipaux ont été efficaces dans un contexte d'exception. D. Colinet a contacté une quinzaine de ses collègues, mais «  au bout d'une heure on était une cinquantaine, et le lendemain matin une centaine ». Des volontaires en repos ou en congé venus apporter leur aide : «  Les employés municipaux sont du coin, ils se sont sentis concernés. » Toute la nuit durant, ils ont tronçonné puis évacué à la grue et au tractopelle les branches entravant la circulation. D'abord boulevard Pasteur - pour dégager la route de l'hôpital aux ambulances - puis le boulevard de l'Europe, la Croix de Mons ou encore le mail de Sambre. «  On ne comprenait pas trop ce qui se passait. Quand t'es dans le noir, au milieu des branches, c'est un peu apocalyptique... » Didier Colinet a gardé plein d'images en tête, des voitures écrasées - «  Tu te demandais toujours s'il n'y avait pas quelqu'un dedans.  » - au face à face avec les lynx échappés du zoo : «  Ils étaient plus apeurés que nous. » Une nuit de labeur dans des conditions épouvantables, sans aucun accident à déplorer.

Évidemment, la tâche des services techniques et des autres employés municipaux ne s'est pas arrêtée le lundi matin. En fait elle ne s'est jamais arrêtée. Il a d'abord fallu apporter une aide d'urgence, assister les pompiers, distribuer des bâches aux sinistrés. Puis faire en sorte que la vie reprenne son cours, que la rentrée scolaire se déroule bien, que la cantine fonctionne à nouveau. Reste encore à s'occuper des remparts, de l'éclairage public, des bâtiments dégradés et de tant d'autres choses. Pour les fonctionnaires de la ville, la tornade, c'est loin d'être fini.

Fonctionnaires...

Pas grave. Parce que le directeur du centre technique a fini par apprécier le travail dans ces conditions : « Ce qui va être le plus compliqué, pense-t-il, c'est quand le rythme va baisser, quand on va revenir à un quotidien très régulier, très cadré. Là, y'a quand même l'adrénaline qui te pousse. » Hier, une carte signée d'une «  habitante du Pont-Allant » est arrivée en mairie pour saluer le travail accompli par les employés municipaux. Ça fait sourire D. Colinet. Il dit : « On a l'impression de renouer les liens avec les Maubeugeois, qui nous jugeaient parfois rapidement. Avant, on était un peu la cible parce qu'on est les premiers à recevoir le mécontentement des gens. C'est l'image du fonctionnaire, on se demande à quoi il est payé... » Il insiste sur la notion de service public, sait que le maire a reçu des compliments pour leur action lors de réunions publiques et espère ne pas se tromper en disant que «  les Maubeugeois se sont réappropriés les services de la ville » : « Ils nous ont vus sous un autre angle, ils ont vu à quoi servaient leurs impôts. Et ils savent qu'ils peuvent compter sur nous.