Tornade Hautmont

Il n'est pas content Daniel Leferme. Pas content parce qu'on ne parle pas des dégâts occasionnés par la tornade dans sa commune. «  On me dit qu'à Hautmont, c'est Beyrouth. Alors je sais que Neuf-Mesnil, ce n'est pas Beyrouth, mais quand même... Nous aussi, on a eu des dégâts. » Soixante-quatorze familles ont été sinistrées. Dix-sept logements sont désormais inhabitables. Quand on sait que la commune ne compte que 1 381 âmes, on comprend mieux le désarroi du maire. « 10 % de la population est touchée, c'est quand même beaucoup, non ? » Par « chance », aucun bâtiment communal n'a été endommagé. Des candélabres ont été arrachés, les panneaux électoraux déterrés, des arbres sectionnés. L'essentiel des dégâts se situe rue de la paix et rue Lucienne-Legrand, dans un quartier déjà touché par la misère.

« On se sent un peu oublié, soupire le maire. On n'a vu personne, ni pompiers, ni policiers. On a dû se débrouiller par nous-mêmes. Ce sont les élus qui ont assuré la sécurité dans la nuit de dimanche à lundi pour éviter les pillages. » Puis des sociétés privées sont venues déblayer les rues et enlever les arbres. La ville retrouve peu à peu son visage d'avant. Mais le maire a peur, peur que les gens ne parviennent pas à surmonter cette catastrophe, peur que des personnes attentent à leur vie. « Si on n'aide pas les gens sur la longueur, on risque d'avoir des drames. Un homme s'est suicidé au lendemain de la tornade. Je ne voudrais pas que çà arrive dans ma commune. Je me sentirais honteux, je me sentirais responsable. » Alors, avec ses adjoints, le maire va à la rencontre des hommes et des femmes qui ont tout perdu. Comme cette famille, dont la maison se situe rue Lucienne-Legrand, l'une des plus touchées. Dans la catastrophe, la famille Boniface a tout perdu. La tornade a tout ravagé sur son passage, la toiture, le jardin, les voitures. Dans leur maison, le plafond s'effondre, les sols sont mouillés, les murs s'effritent. Depuis dimanche, les Boniface font comme ils peuvent. « On mange chez l'un, on dort chez l'autre. C'est toute une vie qui s'écroule. Pour l'instant, niveau logement ça va, on se débrouille, mais après il faudra faire quelque chose. Mes enfants sont traumatisés. On ne peut pas rester comme çà. »