Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Le bois de Boussières, à moitié rasé, passé de belle forêt en morne plaine

Lundi 03.08.2009, 09:06 - La Voix du Nord

Le bois, un an après : un paysage semblable à celui de Verdun, après la bataille. PHOTO BRUNO FAVA.
Le bois, un an après : un paysage semblable à celui de Verdun, après la bataille.

| UN AN APRÈS LA TORNADE |

Même s'ils passent au second plan au regard du drame humain, les dégâts causés à la nature n'en sont pas moins à inscrire dans la colonne passif. Le cas du bois de Boussières-sur-Sambre, à moitié rasé.

Le bois de Boussières est dans la famille, belge, des Mercier depuis trois générations. « C'est mon grand-père qui l'avait acheté avant la guerre 39-45 », précise
Jean Mercier, enseignant en mathématiques à Mons, demeurant à Eugies, entité de Frameries.

D'une centaine d'hectares, le massif est possédé aujourd'hui par moitié par deux branches de cette famille : Jean Mercier et ses frères, en indivision, et Lucette Maquestiau-Mercier, cousine du père de Jean (qui n'a pu être jointe).
La tornade a laissé une plaie béante. « On appelle ça une tache. Là où c'est passé, il n'y a plus rien, et dix mètres plus loin, tout est intact », indique-t-on à la Direction départementale de l'agriculture et de la forêt, à Lille. Le phénomène n'a pas fait non plus dans l'équité : du côté Mercier, on déplore trente-cinq hectares de perdus, de l'autre une quinzaine. Pareil bouleversement n'est pas sans conséquences sur la faune et la flore. La nidification s'en est ressentie et les plus gros gibiers, chevreuils et sangliers, ont déserté dans un premier temps les
lieux. Mais cette situation est provisoire, commente Jean-Pierre Pasterniak, chef du service départemental de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. Selon les formules consacrées la nature, qui a horreur du vide, reprend ses droits : libérés de l'emprise des arbres, les ronciers se développent et attirent de nouveau les chevreuils, qui raffolent de leurs feuilles, ainsi que les sangliers, qui s'y mettent à l'abri.

C'est sur les plans écologique et économique que la facture est lourde. Côté Jean Mercier, un tiers des arbres brisés net étaient des chênes, le reste se partageant en frênes et superbes merisiers. Au téléphone, Jean Mercier dit son « amertume », accentuée encore par un sentiment d'injustice, dû bien sûr à ces pertes, non indemnisées, mais aussi lié à l'histoire de ce bois. Comme beaucoup d'autres, tel le massif de Mormal, le bois de Boussières avait été quasiment rasé par les Allemands lors de la Première Guerre mondiale. Le grand-père Mercier l'avait replanté. Or, il faut compter entre quatre-vingts ans et un siècle pour pouvoir commencer à exploiter les arbres nobles, une échéance qui se profilait. « Des bois de qualité vont finir
en panneaux », commente- t-on à la DDAF. Un chiffre pour situer l'ampleur de la tâche : depuis un an, mille mètres cubes ont été débités côté Jean- Mercier. « Et il en reste », déplore
ce dernier.

Replanter ? « Les deux propriétaires n'envisagent pas les choses de la même façon », poursuit-on à Lille. L'État, via les DDAF, intervient financièrement dans les forêts privées dans le cadre de sa politique forestière. Ici, une ligne de 150 000 € a été ouverte. Mais solliciter le concours public, c'est se soumettre à des exigences pour un investissement qui rapporte peu : entre 1 et 2 % des sommes investies. Jean Mercier hésite : « On va d'abord essayer la régénération naturelle ». J.-M. B.


03/08/2009
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