Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

La vie reprend son cours à Hautmont

Les photos des petits-enfants trônent fièrement dans un coin du mobil-home, installé vendredi. Le soir de la tornade, ils dormaient justement chez leurs grands-parents. « Depuis, ils font des cauchemars », regrette Jean-Claude Nicaise. Il a été le premier sinistré d'Hautmont à prendre possession du bungalow mis à sa disposition par l'Etat, via la société SNI. « C'est très bien », dit-il comme pour s'excuser de ne pas s'y sentir à l'aise.

Car chez lui, c'est trois rues plus haut. Dans le nord d'Hautmont. Alors chaque jour, il prend sa voiture, contourne les pelleteuses et se gare devant une petite bicoque blanche cadenassée de partout, au n° 68 de la rue du Vélodrome. « Le pire coin », disent les habitants. Jean-Claude l'avait achetée il y a trente et un ans. Il avait bâti un garage, planté trois grands sapins. La maison a été décapitée, les sapins arrachés. « On n'en a retrouvé que deux sur les trois », sourit le retraité. Murs fissurés, premier étage envolé, terrain retourné : rien ne saurait pourtant entamer l'optimisme de l'ancien entrepreneur. « On sera revenu ici fin novembre ! »

Un mauvais rêve

Trois semaines après le passage de la tornade, l'heure est au bilan. La police quadrille toujours le secteur. L'armée file un coup de main pour déblayer. Dans les gravats, les experts mandatés par les assureurs croisent les sinistrés. La plupart ne peuvent s'empêcher de revenir quotidiennement sur les lieux du drame. D'ici à la semaine prochaine, une vingtaine de familles doit être relogée dans les bungalows.

Rosario n'attend que ça. Depuis le 3 août, il dort chez son frère en Belgique. Chaque jour, il passe à Hautmont, comme pour tenter de sortir d'un mauvais rêve. Mais il a beau se pincer, il peut apercevoir tout le quartier depuis son salon. Et pour cause, les murs de sa maison sont à terre... « Je ne récupère pas, lâche-t-il les yeux embués. Je me couche fatigué, je me lève fatigué. » Comme une quarantaine d'autres, son ex-demeure devrait être rasée. La mairie d'Hautmont a envoyé, hier, les arrêtés de péril en sous-préfecture d'Avesnes-sur-Helpe. Dès leur retour, les bulldozers passeront la seconde.

Des fleurs dans les décombres

Le long du bois qui jouxte le quartier, Andrée fait les cent pas. Chaque matin, son mari la dépose devant leur maison dévastée. Chaque soir, il vient la récupérer. « J'ai besoin d'être ici, de m'occuper. » La semaine dernière, elle a jardiné. Désormais, de petites fleurs poussent entre les morceaux de briques qui jonchent la pelouse. Béatrice, elle, a préféré se concentrer sur la facture. Elle a perdu son toit dans la bataille. Alors, il faut commander des devis, faire passer l'expert. Puis, le contre-expert. Hier matin, elle en aurait pleuré. « Il m'a dit qu'il allait retirer 10 % par année d'ancienneté sur mon lave-vaisselle. On va y laisser des plumes », se désole-t-elle. Malgré tout, la vie reprend son cours. Assistante maternelle, sa voisine a appris qu'elle pourrait de nouveau accueillir des enfants à la rentrée. « Le plus petit changera de chambre en fonction des travaux », plaisante-t-elle.

L'heure de la rentrée

Plus bas dans la rue, l'un des cinq fils Attrouche se prépare à reprendre les cours en bac pro. De son bungalow, il regarde tristement ce qu'il reste de la maison familiale. De la laine de verre éparpillée, des gravats et au milieu du salon un roman de Sepulveda détrempé. « Je ne sais même pas si le lycée va réouvrir... » De l'autre côté de la rue, la cour du lycée Placide-Courtoy ressemble en effet encore à un champ de bataille. Une femme nettoie les tables. Une secrétaire tente de récupérer quelques dossiers dans ce qu'il reste de son bureau. Mais dans l'entrée, des jeunes filles sur leur trente et un enjambent les décombres en talons aiguilles pour aller s'inscrire.



27/08/2008
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