Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

L'armée pour effacer les stigmates

 Les grandes manoeuvres ont commencé dans la Sambre, où les militaires participent à la remise en état de trois des communes sinistrées par la tornade.

Une centaine de militaires ont pris hier leurs quartiers à Hautmont pour aider les sinistrés à effacer la vision apocalyptique laissée par la tornade. D'abord méfiants, les particuliers ont finalement accueilli ce renfort avec soulagement. 

PHOTO BRUNO FAVA Sur ce qu'il reste de trottoirs rue Aimé-Collet, les commentaires vont bon train tandis que les forces armées déploient leur matériel. «  Vous entendez le boucan que font ces engins ?, hurle M. Hannchi. Et bien ça approche presque le vacarme qu'a fait la tornade en passant. » Si le souvenir de cette nuit cauchemardesque habitera longtemps les mémoires, les restes des maisons éventrées seront bientôt évacués.

Des dizaines d'entreprises privées sont déjà sur place depuis huit jours, accompagnant le travail de près de 800 bénévoles et des services municipaux des villes du secteur. Et depuis hier, les militaires sont à pied d'oeuvre pour déblayer les lieux dans trois des quatre communes sinistrées, Maubeuge, Hautmont et Boussières-sur-Sambre (Neuf-Mesnil pense maîtriser les travaux sur sa commune). «  Entre 90 et 100 hommes serviront les sinistrés, explique le lieutenant-colonel Hartmann. Ils auront quatre missions : déplacer les gravats des habitations sur les tas déjà constitués par les communes. Ils aideront celles-ci pour les opérations de tronçonnage et de déblaiement. Et enfin, sur la zone commerciale, ils tronçonneront et évacueront tout ce qui est dangereux. » Plusieurs pelles hydrauliques, trois bennes de 10 m³, des moyens polyvalents du génie et un bulldozer faciliteront les opérations. Des opérations qui ont commencé hier à Hautmont, se poursuivent aujourd'hui à Maubeuge et Boussières avant d'être de nouveau concentrées sur Hautmont. «  L'armée devrait rester quinze jours, poursuit le gradé. Mais elle restera plus longtemps s'il le faut. » Une cinquantaine de militaires d'Arras, originellement formés pour la circulation routière des unités sur le terrain, prêtent main forte. Ils sont accompagnés d'une vingtaine d'hommes du génie combat de Charleville-Mézières. Et autant doivent arriver ce matin de la brigade du génie travaux de Versailles avec du matériel lourd. «  Ça fait du monde, commente Lionel, un riverain. Et avec ce camion KFOR (la force pour le Kosovo), on se croirait encore plus en guerre ! »

Les sinistrés consultés

Surpris de voir arriver tant de « casques blancs », les sinistrés sont restés sur leur garde. «  J'espère qu'ils ne vont pas tout déblayer. On a besoin de bois pour se chauffer cet hiver. Et mon mari est bricoleur, il veut récupérer des trucs, s'inquiète Mm e Giancou. Mais s'ils sont là, j'imagine que c'est pour notre bien. » Dans son jardin, son époux guette. Il est rejoint par des militaires qui prennent le temps de savoir quels sont ses ordres. «  Je suis plutôt content qu'ils me demandent mon avis. Heureusement que j'ai eu le temps de tout organiser. » D'autres riverains sont plutôt contrariés de les voir arriver si tard. «  Quand y'a urgence, y'a urgence. J'ai assisté à deux tremblements de terre, raconte M. Hannchi, Et les gravats ont été déblayés au plus vite. Ne me dites pas que les experts ne peuvent se rendre compte de l'ampleur des dégâts... » Le maire d'Hautmont, Joël Wilmotte, argue le contraire : «  Il y a un délai de cinq jours à respecter pour que les propriétaires signalent le sinistre à leur assureur. Ce n'est que passé ce délai que le feu vert a pu être donné. Si on ne l'avait pas respecté, les assurés seraient venus se plaindre, si les montants n'avaient pas été à la hauteur du préjudice. » Plus loin, Michel fait le pied de grue devant la maison de son oncle. Il est certain que «  l'armée, avec ses gros moyens, ne va pas attendre l'arrivée de ma famille pour savoir quoi faire ». Mais l'inverse se produit. «  Pas question d'entrer quelque part sans autorisation et consignes des propriétaires », prévient le militaire, descendu d'un engin qui a littéralement labouré la pelouse. Michel recroise ses bras. «  Je suis soufflé par leur réaction. C'est plutôt sympa. » En à peine quelques heures hier, un « avant après » avait déjà transformé certaines zones sinistrées. Et redonné du baume au coeur à certains. •



12/08/2008
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