Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

« J’espère que la rentrée va changer les idées »

Un mois après la tornade, les habitants d’Hautmont tentent de reprendre le dessus. Le jour de la rentrée, la solidarité continue.

Quelques minutes avant l’ouverture des portes, cette journée de rentrée scolaire ressemble à beaucoup d’autres, devant les écoles Jules-Ferry et des Tilleuls. Primaire et maternelle sont face-à-face. Les familles arrivent l’une derrière l’autre. Visages fermés et étreintes émues. Car, ici à Hautmont (Nord), l’angoisse qui se lit sur certains visages n’est pas simplement due à ce moment en lui-même solennel.

Nombreux sont les enfants directement touchés par la tornade qui a traversé cette commune et trois autres du département, dans la nuit du 3 août. Pour Mme Abed, c’est pourtant une rentrée comme une autre. Même si le toit de la cuisine s’est effondré, elle, ne l’est pas. Pourtant, en plus des dégâts matériels, la jeune femme a fait une fausse couche, suite à la catastrophe. « On fait aller », dit cette maman qui accompagne son fils en grande section de maternelle. Privée de voiture, elle attend l’aide de la CAF qui ne saurait tarder.

« Il ne faudrait pas qu’il y ait un orage »

À quelques mètres, une autre mère, Mme Lenclud est en pleurs. Venue avec son époux, elle embrasse à tour de rôle les familles qui semblent lui porter une attention particulière. « J’ai tout perdu, la maison, les voitures. On s’est débrouillés pour trouver un logement. On a l’impression de vivre dans un nouveau monde », témoigne-t-elle.

Hébergés à Leval, à quelques kilomètres, les Lenclud veulent revenir à Hautmont où ils sont censés obtenir un mobil-home, peut-être dans la semaine. « Les enfants sont perturbés. Ma fille Clara, qui a cinq ans, n’arrivait plus à dormir. Elle vient de nous dévoiler que c’était à cause de la tornade. » Et les choses ne vont pas beaucoup mieux pour ses soeurs aînées, Inès, six ans, et Anaïs, treize ans. « Le fait d’être séparées de leurs copines a été difficile. Aujourd’hui, elles sont contentes de les retrouver. »

La maison de Sabine Trocmé a brûlé suite à la tornade. « Si un monsieur n’était pas venu nous chercher par le toit, on restait coincés. » Son oncle et sa tante sont décédés pendant le drame. Pour l’instant, Sabine et sa famille sont installées chez ses parents, eux-mêmes sinistrés.

« Nous vivons à six dans la même pièce. Je vais tous les jours à la mairie mais on nous répond que nous ne sommes pas les seuls. Je ne suis pas prioritaire parce que je n’étais pas propriétaire. Mais je viens d’apprendre que j’allais peut-être avoir un bun- galow », explique-t-elle, la mine pleine d’espoir. Un chez-soi qui « permettrait au moins aux enfants de ranger leurs affaires. Avec tout ce qui s’est passé, ça fait un peu peur de les laisser à l’école. Il ne faudrait pas qu’il y ait un orage. Avant-hier, quand il a plu, mes filles sont restées assises dans la cave. »

Quatre psychologues mobilisés

Dans la rue Aimé-Collet, les stigmates de la catastrophe rappellent la puissance de la tornade. Maisons décapitées, voire éventrées, toits arrachés, salle de sports rasée et quelques mobil-homes, en premiers signes de renouveau. Plus loin, une cité défigurée par la nuit du 3 août.

C’est là que Sylvie Méry habite. Deux enfants d’un premier mari dont elle est veuve et deux autres qu’elle a eus avec son compagnon actuel, âgés de quatre à dix-sept ans. « Les affaires, ce n’est pas grave. Ça se remplace. C’est surtout la peur, confie-t-elle. J’ai emmené ma fille de quatre ans voir un psychologue parce qu’elle refaisait pipi au lit et se réveillait en criant en pleine nuit. J’espère que la rentrée va leur changer les idées. »

Quatre psychologues scolaires répondent, à temps plein, aux sollicitations des sinistrés. « Ce matin, un enfant a évoqué la mort de ses animaux domestiques, la perte de sa chambre, les vitres qui ont explosé devant sa mère et les arbres détruits, raconte Sylvie Couaillier, psychologue. Quand l’un d’entre eux se met à pleurer, il y a un phénomène de contagion. »

Sur les trois collèges de la commune, seul Pierre-Ronsard a été légèrement endommagé. C’est là que sont accueillis soixante-quinze élèves de CE2, CM1 et CM2 de l’école Victor-Hugo, la seule considérablement dégradée par la tornade. « Il faut remettre les enfants au travail et tourner la page le plus vite possible », affirme Guy Marechalle, son directeur.

C’est là aussi que la secrétaire d’État à la Solidarité, Valérie Létard a fait sa rentrée, en présence de nombreux journalistes. Histoire de compenser un soutien gouvernemental que beaucoup jugent très en-deçà de la situation.

Distribution de colis, de meubles, de jouets

Au lycée d’enseignement professionnel Placide-Courtoy, à 30 % touché, la reprise se fait de manière échelonnée, jusqu’à jeudi. Seuls les cours en ateliers ont été déplacés au lycée de la ville voisine de Feignies.

Mêmes les foyers épargnés disent être « un peu stressés » au moindre coup de vent ou signe d’orage. Et avoir « une pensée pour » tous les sinistrés. À Hautmont, la solidarité continue, avec la distribution de colis alimentaires, de vaisselle, de meubles, d’appareils électroménagers ou de jouets. À défaut d’engagements financiers précis de l’État.



05/09/2008
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