Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

« Je vois que tu es content, ça me fait beaucoup de bonheur »(2/3)


 Madani Hannachi, aux côtés de Micaël et Dario Goncalves, dans le bungalow 19.
Madani Hannachi, aux côtés de Micaël et Dario Goncalves, dans le bungalow 19.

|  NOËL AVEC LES SINISTRÉS À HAUTMONT (2/3) |

Poursuite de la journée de travail de Madani Hannachi, le 25 décembre à Hautmont (lire page précédente).

11 heures.- Rue Fernand-Rousselle, Josiane Naomé décortique ses huîtres. «  C'est pour ce midi. On en a mangé hier, déjà ! ». Son mari, Gérard, discute avec Madani Hanachi. Il s'exaspère : son permis de reconstruction tarde à lui être délivré. Quand soudain, un hurlement strident se fait entendre. L'auteur de ces lignes se dit qu'il a maladroitement essuyé ses chaussures sur la chienne Urfa, mais il n'en est rien : «  Non, elle me fait ça aussi, signale Josiane. Pour peu qu'on la frôle, elle pleure. C'est depuis la tornade. » Gérard et Josiane ont le sourire : dans leurs boîtes aux lettres, ils ont eu la surprise de découvrir des chèques. Suite à des articles parus dans plusieurs journaux régionaux, des lecteurs ont saisi l'occasion de faire un don. L'un d'eux, un Breton, leur propose même le prêt d'un pavillon ! «  Je ne les connais pas ! assure Gérard Naomé. On va écrire à ces gens-là pour les remercier.

 » Tous avaient transité par Madani Hannachi, qui s'est chargé d'indiquer l'adresse du couple sinistré.

11 h 33.- Retour chez Micaël Goncalves. Ça y est, les cadeaux sont ouverts. Dario, deux ans, est ravi. Madani aide le papa à monter le tableau de feutre : «  C'est pas possible », peste-t-il. Madani aussi a un cadeau, offert par la mairie. Celui qu'il a remis la veille à tous les jeunes couples sinistrés : un ordinateur portable. Depuis qu'elle est installée, la famille Goncalves n'a pas encore été livrée en télévision, ni en micro-ondes, comme dans n'importe quel autre mobile-home. Selon Micaël, c'est parce que lui et sa femme Lucia travaillent tous deux et ne sont donc pas souvent à la maison. Du coup, Micaël a signé une décharge pour qu'à l'avenir, M. Hannachi réceptionne ce qui est dû à sa famille.

12 h 25.- Ça sent bon chez les Lalami. Ada prépare une galette arabe à ses fils Nouari, Abdelhakim, Saïd et Blaze. «  Madani, ça fait quarante ans qu'on le connaît », raconte Saïd Lalami. Il fut un temps où Madani Hannachi était l'entraîneur de la Jeunesse sportive algérienne, association disparue depuis. Les Lalami ? « C'était tous mes élèves !  » sourit Madani.

13 h 30.- La minute « souvenirs » est interrompue par un coup de téléphone. Pas le temps de prendre un sandwich pour déjeuner, M.

Hannachi est appelé à la rescousse par sa belle-fille, Christelle Delsarte. Elle habite la résidence Sequoia, cité exotique. L'eau de la baignoire coule sans discontinuer : «  Je ne sais pas ce qui se passe, ça tourne dans le vide », s'inquiète la dame. Une vis était dévissée.

Noël sans son père

13 h 50.- Madani Hannachi taille le bout de gras chez le boucher, Jacky Cardon, quand sa fille, Nadhera l'appelle sur son portable. Elle est venue passer un peu de Noël avec son papa, mais Madani est aux côtés des sinistrés. La jeune femme semble contenir une certaine émotion.

Lorsqu'on lui demande ce qui pousse son père à mener à bien sa mission dans les mobile homes, elle répond en se pinçant les lèvres : «  Son salaire, c'est la satisfaction des gens. » 14 h 15.- Toujours aussi émue, Nadhera Hannachi repart à Boulogne-sur-Mer, où elle réside. «  Tu m'appelles quand t'arrives  », lui souffle son père.

15 h 25.- L'heure de tenir sa promesse du matin. Le temps de fumer une cigarette et Madani grimpe dans sa voiture : il prend la direction du centre hospitalier de Maubeuge. Fernand Roland, 82 ans, est assoupi dans une chambre du troisième étage. Lorsque Madani ouvre la porte, le visage de Fernand s'illumine : «  T'es bien gentil, lui dit-il en se redressant péniblement. Tu es venu me voir ! Je pensais à toi. » Les deux hommes s'étreignent avec une belle sincérité. «  J'avais un engagement, lui répond M.

Hannachi. Tu m'as touché, Je vois que tu es content, ça me fait beaucoup de bonheur. » Fernand Roland reprend, en direction de sa femme Jacqueline, qui vient d'arriver : «  Ça me fait plaisir qu'il soit venu me voir ». L'échange sera bref. Madani Hannachi préfère s'éclipser devant l'épouse et le fils de Fernand. Étendu dans son lit, Fernand pleure.



29/12/2008
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