Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Il y a une semaine, le vent leur prenait tout

 Dans les rues d'Hautmont, la détresse et la solidarité se sont mêlées, jour après jour, mais les images de la tornade ne s'effaceront jamais complètement.

| APRÈS LA TORNADE |

Voyez ce cliché ci-dessus. Il dit beaucoup de la plus effroyable semaine jamais vécue par la Sambre et en particulier par Hautmont, sa très populaire commune de 16 000 habitants. Il y a la détresse dans ces yeux, la main sur cette épaule comme un témoignage du formidable élan de solidarité. Et puis, en arrière-plan, cette voiture brisée, ces gens stupéfaits devant ces maisons endommagées quand d'autres ont été littéralement balayées. Enfin, il y a ce ciel, responsable de trois décès et du geste de ce vieux monsieur qui, quand il a vu l'état de sa maison, a décidé de le rejoindre.

PHOTO CHRISTOPHE LEFEBVRE

«  Débouche le champagne. On va tous mourir, c'est la fin du monde. » Voilà ce qu'a dit Thérèse David à son mari quand elle vu ce «  ciel rouge, orange » et qu'elle a entendu ce «  gros boum ». Une horloge restée accrochée sur un pan de mur d'une maison envolée est restée bloquée à 22 h 35. Ce dimanche-là, le tumulte passé, le temps s'est arrêté.

On sait, depuis, que le phénomène était imprévisible. Qu'il a fait ses premiers dégâts à Boussières-sur-Sambre. Le pavillon de la famille Poulet qui l'a subi de plein fouet explose. Madame est projetée mais elle est épargnée. Monsieur souffre d'une double fracture au pied.

Des dizaines de « miraculés »

Tout au long de la semaine, nous en avons rencontré des dizaines de ces «  miraculés ». Même un «  ressuscité  » : Fernand, éjecté trente mètres plus loin dans le jardin de son voisin alors qu'il était couché. Eux-mêmes se qualifient ainsi. Ils ont conscience de leur «  chance ».

Pendant ce déluge éclair, beaucoup étaient en vacances. D'autres, par un incroyable hasard, étaient de sortie ou n'avaient pas envie de «  monter se coucher ». Or, dans un périmètre de quatre à cinq rues dans le nord-est d'Hautmont, le quartier le plus touché, toutes les toitures se sont envolées. Beaucoup n'en revenaient pas : «  Vous vous rendez compte, si ma fille avait été dans son lit ! » Longtemps, c'est sûr, on comptera des « traumatisés des étages ».

L'État à la hauteur ?

Maubeuge et Neuf-Mesnil aussi ont été frappées par ce panache nocturne. Mais c'est sur Hautmont que tout le monde va se focaliser, considérant - à raison ? - que la détresse est à l'aune de l'ampleur des destructions.

Michèle Alliot-Marie comparera cette zone au Sud-Liban après bombardement. La ministre de l'Intérieur s'est rendue sur place dès le lundi pour finalement promettre 300 000 E. Elle a beau dire que «  c'est une première aide », cela fait gronder chez les sinistrés. Le vendredi, l'État décuple la mise après avoir engagé la demande de l'état de catastrophe naturelle, tant réclamé. Enfin, Matignon évoque pour la première fois un éventuel appel à l'armée.

Un peu tard peut-être. Pendant une semaine, les sans-toits se sont débrouillés seuls. Enfin, pas tout à fait. Si les salles ouvertes la nuit sont restées vides, c'est que la solidarité familiale a joué à plein. On a dormi en famille, chez des amis. Parce qu'on est dans le Nord, dans un quartier populaire ?

On se plaît à y croire.

Ne serait-ce que pour se dire que si ces gens, pour la plupart pas aisés au départ, ont tout perdu, il leur reste ça. Ces valeurs. Celles du coeur.

Elles qui, tous les jours, portent des dizaines de bénévoles, des entreprises, des anonymes au soutien des « sans plus rien ». Au fil des jours, la solidarité s'est organisée. Passée la gestion de l'urgence, les autorités ont mis en place le relogement. Fin septembre, tous les foyers devraient avoir retrouvé un toit. Et le préfet a émis le souhait qu'«  en septembre 2009, la tornade d'Hautmont ne soit plus qu'un très mauvais souvenir  ». Un an pour panser tant de plaies. •



10/08/2008
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