Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Hautmont : se relever après la bataille

Huit jours après la tornade, 120 militaires sont arrivés en renfort. Ils contribueront avec les habitants et les bénévoles à organiser l'après.

On se croirait au Kosovo ou en Bosnie dans les années 90", constate le lieutenant-colonel Hartmann arrivé la veille à Hautmont (Nord Pas-de-Calais), l'une des quatre communes ravagées dans la nuit du 3 au 4 août par une tornade. L'ennemi : des vents ayant atteint jusqu'à 250 km/h, a frappé il y a 8 jours balayant tout sur 10 km. Depuis, pompiers, bénévoles, policiers et maintenant militaires se relaient pour déblayer les routes, bâcher les toitures éventrées et dégager les maisons. "Chez moi, les gravats bloquaient les portes et le jardin était rempli d'un amas de bois, de tôles, et autres débris emportés par la tempête. Des blocs de bétons ont même été soulevés et projetés sur les toits" raconte M. Rolland. Devant ce qu'il reste de sa véranda, il tente de ranger un peu en attendant l'expert qui doit passer notifier l'ampleur des dégâts. "J'espère pouvoir reconstruire un jour" explique-t-il, "mais ici on ne sait pas ce qui va se passer après car personne n'a l'expérience d'une telle situation".

Au milieu de cette pagaille, le collège Ronsard, apparaît comme le seul rescapé. Dès la nuit même, il avait accueilli dans l'urgence les sinistrés et servi de centre névralgique pour organiser les secours. Tantôt point de ralliement des forces de l'ordre puis centre d'hébergement, il était aussi le lieu d'accueil de la cellule psychologique et celui de l'intendance. "Maintenant que la machine organisationnelle est bien rôdée, ces structures sont petit à petit transférées pour permettre quelques réparations avant la rentrée des classes" explique M. Bernard, le principal du collège.

Nouvelle étape

Avec l'arrivée de 120 militaires lundi après-midi, une nouvelle phase commence. "Ils m'ont dit qu'ils viendraient dès demain pour tout enlever avec des bulldozers" raconte un sinistré. Alors entre le passage de l'expert et celui de l'armée, il faut fouiller sous les décombres pour essayer de trouver les derniers effets personnels encore récupérables. Mais si pour certains ces nouveaux renforts arrivent à point, d'autres ont le sentiment qu'ils débarquent après la bataille. "Ça fait 8 jours déjà, j'aurai aimé que l'armée vienne plus vite. Mais, il fallait respecter le délai légal de 5 jours pour signaler le sinistre à son assureur. Maintenant j'espère qu'ils vont prendre les choses en main". A la demande de la famille, les militaires ont commencé par raser la maison de l'adjoint au maire et de son épouse, décédés le soir du drame.

En plein pays ch'timi, l'image de ses "casques blancs" en provenance de Charlevilles Mezières, Versailles et Arras, à pied d'oeuvre à quelques mètres d'un drapeau français déployé dans un jardin, illustre la solidarité nationale ressentie par tous ici. Près de 800 bénévoles se sont mobilisés pour donner un coup de main, et les dons de vêtements, d'électroménager ou de nourriture continuent d'affluer des quatre coins de l'Hexagone. A tel point, que l'on manque désormais de place pour tout stocker. Sans compter tous ces bienfaiteurs qui ont offert des voitures, organisés des collectes ou simplement fait des centaines de kilomètres pour prêter main-forte, et dont les habitants ne se lassent pas de raconter les histoires.

Après le choc psychologique et l'urgence des premiers jours, "ça commence à bien se coordonner ici" lance un bénévole. Le dernier bilan fait état de plus de 1 500 logements touchés dont 200 sont complètement inhabitables. Soixante-neuf foyers ont d'ores et déjà été relogés mais pour de nombreux sinistrés, il faut encore trouver des solutions pérennes et adaptées à chacun. Parmi celles-ci : 50 à 100 mobile homes devraient arriver dans les prochaines semaines. Une aide de 3 millions d'euros a d'ailleurs été annoncée par la ministre du logement pour leur installation. Un système de parrainage des communes a aussi été mis en place pour accompagner chaque foyer, dans ses démarches. Quant au processus d'indemnisation, un "Monsieur assurances" mandaté par l'Etat devrait veiller à sa bonne marche. L'armée, elle, repartira probablement d'ici 15 jours, "quand tout sera nettoyé". Et ensuite ? "Dans deux semaines c'est la rentrée et dans 2 mois l'hiver", pour Joël Wilmotte, le maire d'Hautmont "il s'agit maintenant de gérer l'après afin d'éviter de nouveaux drames".



14/08/2008
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