Tornade Hautmont

Dix heures, hier, en gare d'Hautmont. Soixante-douze enfants surexcités piaillent dans le hall. Pour moitié sinistrés par la tornade, ces élèves de l'école Victor-Hugo ne tiennent plus en place car ils savent qu'ils vont approcher Nicolas Sarkozy. « Il paraît qu'il fait ma taille ! », rit Célia, 10 ans. Les parents ne reconnaissent plus leurs enfants : « Ce matin, il a su se lever tout seul  », sourit Sabrina Macaigne, en parlant de son fils. « D'habitude, il ne marche pas si vite pour aller à l'école  », ironise une autre maman. « Mon mari s'est fait charrier à l'usine, poursuit-elle. Ses collègues lui ont dit de réclamer des sous à Sarkozy ! » Jean et Behdja Deduffeleer accompagnent leur fille, Léa. « C'est une fois dans sa vie qu'on est reçu à l'Élysée, savoure le père de famille. D'ordinaire, c'est que pour les médailles d'or aux JO ! »

« Le train, le train ! »

Guy Marechalle, directeur de l'école Victor-Hugo, procède à l'appel. Ils sont soixante-douze bambins à répondre présents. Trois d'entre eux ne pourront pas venir. Un train arrive : « Ouais, ouais ! Le train, le train ! », chantent les petits Hautmontois. Raté, ce n'est pas le bon. Vingt minutes plus tard : « Il arrive !  » Sur le quai, les parents lancent un dernier au revoir, comme si la séparation allait durer plus d'une journée.

Dans le train, ça disserte sur le contenu du spectacle à Mogador. « Je crois que c'est Le Roi Lion ! » Nora a vu juste, éventant ce qui devait rester une surprise. La petite fille attend de se faire une opinion sur le président de la République : « Y en a qui disent des choses sur lui, mais faut le voir avant !  » Les avis divergent. Kaïna trouve le chef de l'État « charmant  ». « Il s'appelle pas Nicolas Sarkozy, mais papa Noël ! », anticipe Thibaut, qui compte bien recevoir plein de cadeaux. Émilie n'aime pas trop le président : « Si j'avais pu, j'aurais voté pour Ségolène Royal parce que c'est une fille  », glousse-t-elle.

Ravi de se rendre à l'Élysée, Otis est aussi réaliste : « S'il n'y avait pas eu la tornade, on n'aurait jamais été invités.  » Son copain Brian espère poser une question au président : « Pourquoi vous n'êtes pas venu nous voir le jour de la tornade ?  » Certains enfants sont étonnamment critiques à l'égard de Nicolas Sarkozy, responsable selon Coralie « de ne pas faire monter les prix pour travailler  ». Coralie a huit ans. Mathilde en a neuf : « La vie coûte plus chère et on a moins d'argent ! » Inès et ses copines ont écrit un petit mot au président : « Bonjour M. Nicolas Sarkozy. Nous sommes très, très contentes d'être invitées au palais de l'Élysée. Merci beaucoup. » Les garçons sont tous gagas de Carla : «  Je l'aime bien parce qu'elle est belle  », rougit Lucas. « C'est une bombe atomique ! », s'emporte Medhi. Quant à Florian, il compte bien « lui demander un rendez-vous ».

Carla pose avec les enfants

À 14 heures, escortés par la garde républicaine, les enfants ont pris la direction du théâtre Mogador pour assister au spectacle Le Roi Lion. « On a adoré », résume Lucie. Surtout les danseurs : « Y avait M Pokora et Quentin de la Star Academy ! »Le spectacle à peine terminé, direction l'Élysée : 923 enfants venus de toute la France ont été invités pour fêter Noël. Chaque école est reconnaissable à son badge, à l'effigie d'un personnage de dessin animé. « Les "Mickey" ?  », interroge une personne chargée de l'accueil. « Oui !  », répondent en choeur les petits Hautmontois. «  Par ici ! » Disciplinés, les enfants pénètrent dans la grande cour intérieure de l'Élysée, avant de poser sur le perron avec le père Noël. Les cadeaux sont regroupés au pied d'un grand sapin.

Des tables sont dressées dans plusieurs salles. Les enfants peuvent se servir en chocolats et en friandises. Carla Bruni-Sarkozy pose à leurs côtés. Mais pas avec les Hautmontois, trop loin dans la salle pour bien l'apercevoir. « On a stressé le matin, mais là, on est soulagés, rapporte la petite Mina. Paris, c'est pas un village comme Hautmont !  » Dans le train du retour, les enfants découvrent leurs cadeaux. Nathan a eu une voiture téléguidée : « J'en voulais une, en plus !  » Chacun est reparti avec un sapin miniature. « Un vrai  », sourit Mallaury. Ses yeux pétillants parlent pour elle : « Je vais l'arroser tous les jours.  »