Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Hautmont : les sinistrés du Nord toujours traumatisés


Hautmont : les sinistrés du Nord toujours traumatisés

Un an après la tornade qui a tué 4 personnes et détruit des dizaines de maisons, une trentaine de familles vivent toujours dans des mobile homes à Hautmont.

 

Les ouvriers achèvent de cimenter les murets qui l’entourent. Dressé à l’angle de l’aire des bungalows, le monument de marbre noir est prêt pour la cérémonie.
« Passant, souviens-toi, interpelle l’hommage qui y est gravé en lettres d’or. Le 3 août 2008, Hautmont était soufflée par la plus grande tornade d’Europe.

Des vents de 300 km/h ont détruit et endommagé 1 005 foyers, fait 18 blessés et 4 morts. » Recueillis devant la stèle, où s’égrènent les noms des victimes, Andrée et son neveu lisent en silence. « C’est bien, soupire la retraitée, même si j’imaginais comme un livre ouvert où l’on aurait montré le quartier comme il était avant. » Venu avec son fils, Kamel désigne, de l’autre côté de la rue, une pelouse vide qui jouxte une bâtisse en pleine reconstruction. « Le couple qui est mort habitait là. On les a trouvés dans les décombres. C’étaient de bons voisins », rappelle-t-il, la gorge nouée.

«Pas une maison n’est prête »

Hautmont, quartier du Vélodrome, un an après. Dans ce « triangle » de la catastrophe, les stigmates d’un phénomène météorologique inédit et d’une violence inouïe s’effacent avec lenteur. Les bâches ont quitté les toits, les tuiles retrouvé les charpentes. Des murs de briques neuves dessinent peu à peu de nouvelles maisons. Hormis trois, la plupart de celles que le vent avait éventrées ont enfin été démolies. Mais les géraniums ornent toujours les balcons des bungalows où ont été relogées une grande partie des familles. A l’heure du premier anniversaire du drame, que le maire a voulu marquer par l’installation de cet « espace souvenir » et une commémoration aujourd’hui, la reconstruction est loin d’être achevée. « Il y a eu le temps des assurances et des expertises, énumère Joël Wilmotte. Puis les entreprises à trouver, les mutations de terrains, les permis de construire… » Et ce casse-tête des procédures de désamiantage qui lui « reste sur le cœur » (lire ci-contre) .
Sur le terrain, qu’il arpente sans relâche plans en main, Daniel Desmet, directeur d’une société d’ingénierie chargée de coordonner les travaux, confirme. « On est en pleine phase administrative. En reconstruction pure, pas une seule maison n’est prête. Ça ne sera pas terminé dans un an. » A deux pas, Gérald Tondeur s’affaire sous le hangar de son entreprise. Très endommagé, le bâtiment n’a pas encore été détruit. Mêlés aux chardons, des plants de blé apportés par la tornade ont poussé là où se dressait sa maison, célèbre dans la région pour les animations de Noël qu’il y organisait. « J’ai longtemps peiné avec mon assureur », confesse l’homme, qui a pourtant géré, comme président de l’Association d’aide aux sinistrés, les dossiers de 300 de ses voisins. Sa femme refuse toujours de revenir. Le couple vit désormais hors du quartier. « Le moral ? Ça ira mieux dans deux ans », glisse-t-il.
Chaque pas-de-porte ou de bungalow ouvre sur une situation différente. Ici, un macadam tout neuf devant une maison dont la rénovation est terminée. Là, un trou dans la chaussée pour un raccordement au gaz en attente. Plus loin, un camion chargé de meubles qu’on rapporte enfin. A côté, une équipe d’ouvriers sur des échafaudages. On raconte les soucis et les lettres recommandées. On vante la solidarité et les visites de dany Boon. On salue le grand cœur de Madani Hannachi, l’homme à tout faire, disponible « 24 heures sur 24 » au point d’avoir affiché son numéro de portable sur le conteneur qui lui sert de bureau et de dortoir. Puis les mots révèlent cette constante : un traumatisme sous-jacent, qui bientôt jaillit.

« Ça nous prend à la gorge »

« On a toujours du vent maintenant que le bois a disparu. La nuit, j’entends du bruit sur mes fenêtres », évoque Lucienne, 70 ans, qui se refuse à recourir à l’équipe mobile de psychologues mise en place par les autorités. « On ne reconnaît plus notre environnement. Ça nous prend à la gorge », confient Thérèse et Patrick, dont la maison était entourée d’arbres centenaires qui ont tous été abattus. « Tout est vide », murmure l’un de leurs voisins. « Il y a un mois et demi, on a eu un très gros orage. Jean-Claude a eu peur, il est tombé en dépression », relate Micheline, du bungalow n o 6, qui couve son compagnon du regard. Cette fois-là, les vents n’ont atteint que 140 km/h. Mais la panique a gagné les habitants. « Dès que le ciel s’assombrit, les enfants ont peur », constate ce père de famille.
A Boussières, une commune voisine où la tornade a touché quatre maisons, Sophie et Jean-Christophe viennent d’emménager dans la leur, toute neuve. Grièvement blessé au pied, lui est toujours en arrêt maladie. Mais ils s’estiment « heureux par rapport à ceux qui ne sont pas encore chez eux ». Ils seront à Hautmont aujourd’hui mais souhaitent aussi commémorer la première année par un feu d’artifice avec leurs voisins. Ces mêmes voisins avec qui ils se réunissent parfois pour « parler de la nuit d’enfer et pleurer. »


01/08/2009
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