Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

Hautmont après la tornade…

Deux mois après la tornade qui s’est abattue sur quatre communes du Nord, le temps est à la reconstruction. Malgré les aides et la solidarité, les familles, elles, peinent à rebâtir leur vie au quotidien.

Le tas de gravats qui a entièrement recouvert le terrain de sport témoigne à lui seul de l’immensité des dégâts. « Un paysage de ruines après la guerre » témoigne un des passants. La « minitornade » du 3 août qui a traversé quatre communes du Nord résonne encore durement dans les esprits. Des arbres qui se désincarnent, des meubles, des voitures, des toits qui s’envolent. « C’était comme un bombardement, un sifflement terrible, ma maison bougeait comme un château de carte » reprend le passant. On devine la violence de la tempête. Ici et là, seuls trois murs de pierre chancelants indiquent qu’avant se tenait une habitation. D’autres maisons debout se sont drapées de bâches de toutes les couleurs, d’autres encore vont être abattues. Plus de 2000 logements touchés, 200 inhabitables, quatre morts. En quelques secondes, la vie à Hautmont, Maubeuge, Boussière-sur- Ambre et Neuf-Mesnil s’est trouvée chamboulée.

Devant les mobiles-homes fournis aux sinistrés du quartier de l’Exotique à Hautmont, Émilie arbore un cartable bien rempli qui lui a été fourni par le Centre d’action sociale. Comme beaucoup d’autres, sa maison a été endommagée. « Plus de chambre, plus de toit, plus rien » dit-elle d’une petite voix. Les écoles aussi portent quelques stigmates du passage de la tornade. Trois classes de l’école Victor Hugo d’Hautmont ont été transférées dans le collège voisin, le temps de réhabiliter une partie des bâtiments de l’école primaire. Un peu plus loin, la maternelle des Jacinthes s’est également réorganisée. Deux classes ont été touchées. La salle de motricité a été réquisitionnée pour la grande section et les 34 élèves de petite section ne peuvent, pour l’instant, être scolarisés que le matin. Mais, pour Cécile Ollagnier- Deloffre, la directrice « tout aussi préoccupant est l’état de santé des enfants après un tel traumatisme ». En cette rentrée, elle reconnaît d’ailleurs que « les pleurs étaient plus nombreux et ont duré plus longtemps que d’habitude ». Une équipe composée de quatre psychologues scolaires mise en place avec le soutien de l’IEN de la circonscription navigue d’ailleurs dans les écoles des communes sinistrées. « L’objectif est bien de répondre aux demandes des familles et de leurs enfants. Il est important d’identifier les effets post-traumatiques dans les trois mois qui suivent de tels événements » confie Sylvie Couailler, l’une des psychologues qui intervient sur les écoles d’Hautmont. Elle a d’ailleurs fait partie des bénévoles qui ont participé dès les premiers jours d’août à la cellule d’aide psychologique. Avec ses collègues de l’équipe, elle a bénéficié d’une formation « psycho-trauma » de deux demi-journées proposée par le centre hospitalier de Maubeuge. Avant la rentrée, elles ont travaillé avec les enseignants qui pour beaucoup appréhendaient le retour des enfants. « On a expliqué le traumatisme, le danger de mort vécu par les enfants qui génère un grand stress. Pour les plus fragiles, on est au-delà du stress ». Effectivement, dans les classes, ce sont parfois des pleurs, du repli, des maux de ventre, de tête, et à la maison des problèmes de sommeil, des cauchemars. Cécile se rappelle des premières paroles d’une petite de moyenne section pendant la récréation « le vent, il est méchant ». « Tous ont peur que cela recommence. Un bruit soudain, du vent fort dans la cour et l’angoisse de certains se manifeste ». Certains enfants de cycle 3 ont même demandé à Sylvie des groupes de parole pour « mettre des mots sur ce qu’ils ont vécu, normaliser par l’échange leurs sentiments ».

Dans le groupe scolaire Jules Ferry, Sylvie propose des groupes de parole pour les parents. Actuellement, sur les 10 écoles de son secteur, 24 familles avec 37 enfants sont suivies. Beaucoup de mères viennent aux rendez-vous, peu de pères. « Des paroles échangées avec pudeur mais un besoin vital de faire sortir cette boule tenace qui tient au ventre » témoigne Sylvie. « Cela fait même parfois ressurgir à la surface d’autres blessures ». Certaines familles sont vues en entretien individuel. L’agenda de Sylvie est rempli jusqu’à la Toussaint. Après, avec les autres psychologues scolaires, il faudra reprendre le travail au sein du RASED auprès des enfants en difficultés. Les familles les plus fragiles sont orientées vers des services de soins, « la coordination avec les services sociaux, médicaux, CMP se montrant décisive » confie Sylvie. Aujourd’hui, les démarches administratives, l’estimation des dégâts, le relogement, la reconstruction de leur maison occupent leurs inquiétudes. Encore du stress, perceptible chez les enfants. « Papa n’est pas content. L’assureur est passé et il ne va pas tout rembourser » peut-on entendre dans la cour. Pour beaucoup d’habitants, c’est un deuxième coup dur. Ils se retrouvent devant un terrain nu, leur maison rasée et le tas de briques déblayé. Le regard dans le vague, « ils prennent conscience qu’il faut tout recommencer à zéro » témoigne Nathalie Montfort, adjointe au logement à la mairie de Maubeuge. « Et étant donné le coefficient de vétusté pour l’évaluation des dommages, certains doivent débourser 20 à 30 % de leur poche pour réparer ou reconstruire ». Certains en difficulté n’avaient même plus d’assurance. La tornade a amplifié les détresses individuelles. Maubeuge, c’est 20% de chômage, Hautmont, 12%. « On sait déjà que l’aide versée par l’État ne suffira pas. Au sein de la communauté d’agglomération, nous sommes en train de tout mettre en place pour abonder ce manque » confie l’adjointe. L’objectif est que toutes les réparations et reconstructions soient terminées pour septembre 2009. Dans les têtes, il faudra sans doute encore un peu plus de temps.


Une solidarité active

Au lendemain de la tornade, un élan de solidarité s’est développé dans la région. Aux 300000 euros débloqués dans l’urgence par le gouvernement ( soit 150 euros par adulte et 75 euros par enfant sinistré), les particuliers, les services municipaux, certaines enseignes commerciales, sont venus se joindre au mouvement de soutien piloté par les pouvoirs publics : déblayage, remise à plat des espaces verts et boisés, aide matérielle, alimentaire, intervention pour bâchage des toits, aide au relogement dans le parc public ou en mobile-home, accompagnement pour dénouer les difficultés rencontrées avec les assureurs. L’association des maires de France a récolté 2,5 millions d’euros de dons pour les verser aux centres d’action sociale. De nombreuses associations ont recueilli des fonds, ce qui a permis à la CAF de doubler l’allocation de rentrée scolaire. Une grande enseigne a fourni 3 containers de vêtements. De multiples envois de meubles ont été stockés dans des hangars municipaux. Ils serviront à remeubler les habitations réhabilitées.



09/10/2008
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