Tornade Hautmont

On ne jugera pas si quatre semaines, c'est long. «  Ça l'est toujours trop pour quelqu'un qui a tout perdu ou presque », reconnaît un assureur. La polémique n'a pas manqué d'être soulevée par le maire d'Hautmont, la ville la plus touchée. Qui reproche aux compagnies de ne pas toujours tenir les promesses faites au lendemain du drame. Mais les déclarations de l'édile sont aussi motivées par le rapport de force qui s'est établi entre mairie et assureurs autour de l'avenir du quartier anéanti par le vent.

« Un acompte, c'est tout »

Beaucoup de sinistrés, il est vrai, se plaignent. Voient l'hiver arriver. « On dort dans la salle de bains où tout risque de s'effondrer. On ne voulait pas quitter la maison, à cause des pillages. Mais au train où ça avance, on va bien être obligés d'accepter un mobile home et c'est pas un bungalow qui va nous sortir de la m... ; pour l'instant, on a reçu un acompte, c'est tout. Mais on a peu de nouvelles. Ne serait-ce qu'un courrier de l'assurance, ça ferait du bien au moral. » Il est inquiet, ce riverain d'Hautmont. Un peu agacé aussi.

Tout comme Merouane Attouche. Lui reproche à son assurance de «  pinailler ». Par exemple sur un meuble, que l'assureur veut faire réparer et non changer. À son côté, un ami très remonté - «  C'est mon avocat », plaisante Merouane - tempête : «  Qu'une assurance cherche à ne pas trop donner d'argent sur un petit accident de voiture, c'est son boulot. Mais là, c'est une catastrophe naturelle quand même ! » À Maubeuge, où de nombreuses maisons ont été endommagées, un peu moins détruites, la même impatience. « En général, là où les habitations n'ont pas été complètement détruites, les dossiers sont en marche. On attend juste les artisans, qui ne peuvent pas se couper en quatre », se défend Frédéric Osinski, agent d'assurances Axa à Hautmont. On recense 1 600 logements touchés sur le secteur, alors forcément, on ne compte plus les artisans débordés. La semaine dernière, dans un garage de Maubeuge, quelque 120 voitures étaient en attente de réparation.

Désigné « Monsieur Assurance » par l'État, Yann Boaretto s'est fixé un objectif : «  Éviter qu'à l'arrivée de l'hiver, là où les gens continuent d'habiter, il reste des maisons éventrées ou dont la toiture est à réparer. » Les sinistrés sont souvent traumatisés. La rentrée vient d'avoir lieu et c'est la peine qui continuait de se lire sur les visages. Or la reconstruction morale passe par la reconstruction matérielle. Retrouver une vie normale, dans une maison normale.

Un expert sur le toit

Chacun sait qu'il y laissera quelques plumes, mais il veut avancer. À l'image de Lucienne Valvendrin. Elle est dithyrambique à l'endroit de son assurance. Elle aussi habite un mobile home, mais dans son jardin, face à l'entrée de sa maison partiellement détruite. Et c'est sa compagnie qui le lui a fourni. « Comme ça, je vais pouvoir suivre les travaux qui doivent commencer. Je leur demande ce que je veux. Ils sont venus me voir de nombreuses fois. » Et surtout, elle n'en revient pas : « Mon expert est monté sur le toit. Il a enlevé sa veste et il a grimpé à l'échelle. Vous en connaissez beaucoup, vous, des experts en veste qui montent sur les toits ?