Des relogés de la tornade toujours en attente

Martine vit dans un mobile-home rue Aimé-Collet avec trois de ses quatre enfants, en attendant un logement social. Sa maison n'est pas encore reconstruite. Aujourd'hui, quartier Exotique, il reste quatorze mobile-homes.

« Le maquillage. C'est le maquillage qui prend le plus de temps ». Par ce terme, Madani Hannachi, chargé de mission pour la ville d'Hautmont, évoque les finitions des maisons, un rien interminables. Surtout comparées à leur construction, qui ne prend en fait que de « sept à huit mois ».

En ce jeudi après-midi de fin juillet, il assiste au départ d'un mobile-home. C'est le quinzième qui quitte ainsi les lieux où, à Hautmont, la tornade a fait le plus de dégâts lors de son passage dévastateur. C'était il y a deux ans, jour pour jour.

Date butoir :le 30 septembre

Aujourd'hui, dans la commune, quatorze foyers vivent encore en mobile-home. Il en reste également deux à Maubeuge et un à Neuf-Mesnil. Mais tout a une fin : prêtés par l'État, ces abris temporaires dans lesquels les sinistrés sont hébergés gratuitement - à l'exception des factures d'électricité - devront être libérés, le 30 septembre. Cette date butoir, non négociable, est loin de réjouir tout le monde. Et pour cause. « Quand on me demande des nouvelles de ma maison, je réponds oui, ça va, les fleurs y poussent. » Martine vit dans un mobile-home avec trois de ses grands enfants depuis septembre 2008. Et les travaux de sa maison n'ont toujours pas commencé. Quand on lui demande les raisons d'un tel retard, elle cite en vrac, « les assurances », « les démarches », « les congés des entreprises », « l'amiante », « la complication des dossiers », et les lenteurs administratives. « Il se passe deux mois, trois mois, ça recule pour un papier », et ainsi de suite, déroule Martine.

Les assurances sont le plus souvent pointées du doigt dans les retards liés à la construction. A tel point que certains refusent d'en parler. « On en a marre de répéter les mêmes choses », décline gentiment une Hautmontoise, sur le palier de son logis de fortune, avant de refermer la porte dans un sourire. Tout juste apprendra-t-on que les travaux de sa maison ont commencé, et « qu'il reste les finitions ».

Un peu plus loin, un autre couple espère « faire Noël dans sa maison ». Seul hic : la reconstruction devrait démarrer bientôt. En attendant, « je ne m'en irai pas. C'est mon dernier mot » , explique Micheline, compagne de Jean-Claude.

Hébergement chez la famille pour certains, déménagement dans un logement social pour d'autres : après le 30 septembre, ceux qui logent en mobile-home devront trouver une solution. « Il n'y a pas de meubles dans notre mobile-home. Il faudra déménager des meubles, et recommencer après », s'insurge Micheline. Pour un autre, dont les travaux de la maison sont encore au point mort - voire ont été aggravés par les orages du 14 juillet -, payer un loyer plus les travaux inhérents à la maison représente une lourde charge, qu'ils accueillent avec un plaisir mitigé. « Ça nous embête de payer un loyer », confirme Romuald, logé dans un mobile-home avec sa mère à Maubeuge. Dans leur maison, à Grattières, les travaux sont encore estimés à un an. Comme ailleurs, la mairie s'occupe d'eux : « On ne nous laisse pas dans la mouise », résume Lucette. Mais « pour l'instant, on ne sait pas encore ce qu'il va arriver. »

Mobile-home en vente

Un an de plus. C'est ce qu'avait estimé Madani Hannachi. Le chargé de mission qui s'est occupé des victimes de la tornade pendant deux longues années estime que tout sera vraiment terminé « d'ici le printemps 2011 ».

En attendant, le mobile-home qui a quitté les lieux ce jeudi devrait retrouver un tout autre cadre : acheté par un particulier, sa prochaine destination sera « un lieu de vacances ». Tant mieux pour lui. •

source la voix dunord