Tornade Hautmont

> Les tornades sont-elles des phénomènes récurrents en France et dans la région ?

« Il s'en produit assez régulièrement. En France, il y en a déjà eu une vingtaine depuis le début de l'année. Globalement, on en a deux ou trois par an dans le Nord-Pas-de-Calais qui est la région française la plus touchée avec la Charente-Maritime et l'Hérault. Mais au niveau de l'intensité, notre région se distingue : même à l'échelle européenne, nous sommes en tête de liste. »

 > Comment avez-vous procédé pour étudier la tornade qui s'est abattue sur la Sambre ?

« Nous nous sommes rendus à deux dès le lundi matin à Boussières, Hautmont et Maubeuge avec des cartes IGN. Le but était d'être là le plus rapidement possible car on ne peut déterminer ce qui s'est passé qu'en observant les dégâts. Nous avons interrogé les gens et pris près de 1 300 photos. Nous sommes revenus le samedi pour étudier l'itinéraire de la tornade en amont et en aval. Puis on a tracé tout ça dans un logiciel de cartographie. »

 > La tornade du 3 août est-elle exceptionnelle ?

« C'est la première fois que je vois des dégâts de cette ampleur. C'est la tornade la plus violente de l'année 2008 en Europe, voire des trois ou quatre dernières années. À l'échelle de la France, c'est la plus forte depuis vingt-cinq ans. »

> Selon votre étude, quelles sont ses caractéristiques ?

« La tornade a atteint une force 4 sur l'échelle améliorée de Fujita dont le maximum est de 5. Elle s'est déplacée à une vitesse de 85 km/h avec des vents atteignant 270 à 320 km/h. Au niveau du bois du Fayt, on voit sa trace : la largeur du tourbillon était alors de 130 ou 140 mètres de large. Il y a parfois eu des dégâts plus loin, mais c'est dû aux vents forts, ce n'est pas la tornade à proprement parler. »

> Quel fut son itinéraire ?

« Nous avons analysé des images radar achetées à Météo France et on a recoupé avec les heures d'appels aux pompiers. Le premier impact a lieu vers 22 h 28, Hautmont est touchée vers 22 h 33. La tornade est née dans un champ à Pont-sur-Sambre. Au départ, elle fait deux mètres de large à tout casser. En sortant du champ, elle avale une partie d'un toit et prend de la consistance. Entre Pont-sur-Sambre et Boussières, elle se dédouble temporairement. De Boussières à Hautmont, elle est de force 4, qui se caractérise par des murs rasés. À son arrivée à Maubeuge, elle est force 3. Puis elle décline jusqu'à Marpent (qu'elle atteint vers 22 h 42). »

> Le bilan humain aurait-il pu être plus lourd ?

« C'est stupéfiant qu'il n'y ait pas eu plus de trois morts. En plein jour, il y avait le potentiel pour faire quelque chose de vraiment désastreux, surtout dans une zone urbanisée comme celle-là. Imaginez qu'il y ait eu des gens dans le stade d'Hautmont ou dans le zoo : ça aurait pu être un massacre.  »

> Le phénomène était-il prévisible ?

« Il y avait les conditions favorables pour qu'une tornade se produise en Picardie, dans la moitié sud du Nord-Pas-de-Calais et jusqu'aux Ardennes. Nous l'avons indiqué par précaution sur notre site Internet le dimanche matin. Mais ça ne voulait pas dire que ça allait forcément se produire. Il était impossible de dire même deux heures avant qu'il allait y avoir une tornade à Hautmont. Les prévisions locales ne peuvent se faire que 10 ou 15 minutes avant l'impact. Ce qui manque en France, c'est le moyen de diffuser rapidement l'information aux gens sur place. »