Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

« Affiner la prévision des tornades reste un défi »

Emmanuel Wesolek :
« Affiner la prévision des tornades reste un défi »

 

 E. Wesolek : «Une tornade ne se prévoit de façon exacte que dix à quinze minutes à l'avance.»

E. Wesolek : «Une tornade ne se prévoit de façon exacte que dix à quinze minutes à l'avance.»

 

 

> La tornade du 3 aôut 2008 aurait-elle pu être prévue ?

 

 « La tornade est un événement très bref et très localisé. La prévision des éléments se fait à partir d'une simulation numérique de l'atmosphère, initialisée toutes les six heures, qui donne une idée de l'évolution de l'atmosphère avec plusieurs jours d'avance. Plus les phénomènes sont larges, plus ils sont prévisibles. Par exemple, on voit bien arriver les tempêtes parce qu'elles occupent des centaines de kilomètres de large. C'est l'inverse avec la tornade. Pour pallier ce problème, on applique une série de diagnostics afin de déterminer les situations propices à la tornade. » 


> Quelles sont ces situations ?

« Seuls les nuages d'orages peuvent favoriser une tornade. La formation d'un orage est similaire à l'élévation de la montgolfière : des bulles d'air chaud se forment près du sol. Quand cet air est plus chaud que l'atmosphère environnante, il s'élève. Un champ électrique se crée et la foudre se déclenche. Il se crée des phénomènes comme cela tous les jours, mais ce qui fait la différence, ce sont quand les vents soufflent violemment en altitude et dans des directions différentes : cela finit par imprimer une rotation à l'orage, qui peut alors dégénérer jusqu'à donner naissance à une tornade.

On peut déterminer comment soufflent les vents, et encore quelles sont les zones où ces orages peuvent se développer. Les plaines sont plus favorables que les montagnes. Les endroits où il y a le plus de tornades en France représentent comme une bande qui part de La Rochelle et va jusqu'à Lille et dans l'Avesnois. »

 

 > Que s'est-il produit dans le cas de la tornade d'Hautmont ?

 

 « Nous avions ciblé dans nos prévisions une zone qui partait de la Picardie au sud du Nord - Pas-de-Calais. Mais quelques heures à l'avance, on ne peut pas dire si cela va tomber à Abbeville ou à Cambrai. Il y a de cela cinq ans, il n'y avait pas du tout de prévision de tornades. Alors qu'aux États-Unis, ils ont cinquante ans d'avance. Affiner la prévision reste un défi. »

 

Une tornade il y a deux ans, de violents orages ce 14 juillet... Y a-t-il un lien entre ces deux phénomènes ?

 

 « La zone du Cambrésis et de l'Avesnois est la plus exposée aux orages dans la région. C'est là qu'il y a le plus de jours d'orages et où ils sont parfois les plus forts. Après, on peut avoir des cycles d'été orageux. Mais depuis 2007, à part Hautmont qui sort du lot, nous traversons une période en dessous de la normale au niveau des tornades et des orages violents. Et si les dégâts sont plus importants, c'est qu'il y a plus d'occupation humaine. » 

 

> Donc pour l'heure, on n'observe pas de lien entre le réchauffement climatique et ces phénomènes violents et destructeurs ?

 

 « Il n'y a rien qui peut le prouver et nous n'observons pas plus de sévérité au niveau des éléments. En 1967, il y a eu des épisodes orageux et des tornades bien pires que cela. Ce qui change, ce sont les conséquences, car nos infrastructures ne sont pas adaptées à notre climat. Cela dit, à Hautmont, c'est diférent : la tornade ne pouvait que tout détruire. » •

 

 

source la voix du nord




03/08/2010
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