Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

À Hautmont, tourner la page avec Noël

La cheminée est tombée à cause de la tornade. «  Elle ne fonctionne plus, mais elle n'est pas bouchée, le père Noël peut encore passer  », feinte Sabrina, sa maman. Émeline, quatre ans, ne va pas enquêter : tant que papa Noël lui apporte ses jouets... Sabrina Macaigne a cinq enfants âgés de quatre à neuf ans. «  On voulait que la maison soit réparée pour Noël, elle l'est. » Depuis la mi-novembre - et 30 000 E de réparations payés par l'assurance -, la maison familiale a un toit, lequel s'était envolé. Papa y a un peu trop bossé, y laissant un peu sa santé, il doit être prochainement opéré.

Ce week-end, toute la petite famille a décoré. «  Je me suis dit qu'il fallait le faire pour les enfants. » Depuis que l'esprit de fête règne un peu sur la ville autoproclamée depuis dix ans capitale de Noël (lire ci-contre), que les illuminations scintillent, les enfants ont tendance à ne plus penser qu'à ça. «  Symboliquement, ça les aide à tourner la page de la tornade. Ils n'en parlent plus. Par contre, ils comptent les nuits avant Noël. » «  Vingt-trois dodos ! », reprend Valentin, huit ans.

Les enfants pour avancer

Chez les Macaigne, Noël est chargé d'une forte symbolique familiale. «  On l'a toujours fêté, même quand, il y a cinq ans, Thomas, qui avait un an, a été opéré à coeur ouvert peu avant Noël. Il y a trois ans, ma fille venait de naître, ils l'avaient gardée au service de néonatalité. Quelques jours plus tard, son état s'est aggravé et on l'a perdue. » La très souriante Sabrina plisse alors un peu les yeux. « Les fêtes sont forcément un moment particulier et on ne peut pas ne pas y penser.

Mais en même temps, on fête Noël pour nos enfants, parce que la vie continue. » Dans la salle à manger, ça court, ça pétille, ça rit. Une innocence à faire oublier qu'il y a quatre mois, ce sont les cris, le choc et les pleurs qui l'emportaient. Sabrina les regarde, maternelle : «  Mes enfants ont toujours été notre moteur pour avancer. » Coup de froid hivernal lorsque l'on sort de la chaleureuse habitation des Macaigne. À quelques encablures de là, le village provisoire de mobile homes au milieu duquel trône un sapin géant illuminé fait face aux ruines toujours pas déblayées. Ne manque qu'une crèche vivante pour que les images rappellent Bethléem à Noël en temps de guerre.

Même si la préoccupation du moment est davantage de poser des jupes au pied des maisons mobiles afin d'arrêter le froid pénétrant, certains sinistrés ont décoré. C'est le cas de Martine, qui a posé quelques guirlandes sur son escalier marchepied, ainsi que des pères Noël ou autres bonshommes de neige sur la vitre en plexiglas de sa porte d'entrée : «  C'est pour mes neuf petits-enfants, fallait bien faire quelque chose. D'habitude, je mets un sapin, mais là, il n'y a pas de place. Et puis j'invite toute la famille à la maison, on est une vingtaine, là je ne peux pas, à moins que le voisin me prête son mobile home. » Elle sourit. «  Mais l'an prochain, ce sera chez moi. » Si sa maison est d'ici là détruite, puis reconstruite.

Un cadeau ?

Réparer sa maison

Pour Chantal Carion, la peine est d'autant plus grande qu'elle a bien cru pendant les deux premiers mois qu'elle allait passer Noël chez elle. «  On a pensé que ce serait réparable, puis on nous a dit que la charpente avait bougé. Je ne comprends pas, l'assurance est prête à la détruire et à la refaire, mais l'expert, non. Il veut trouver un couvreur qui s'engage à la redresser. » Chantal a les larmes aux yeux. «  La semaine dernière, des journalistes m'ont dit "Vous avez l'air de vraiment l'aimer, votre maison". » Dans son quartier, elle faisait le concours des maisons décorées. «  On n'était pas mal placés, hein Jean-Claude ? », s'adressant à son mari. « J'ai décoré un peu le mobile home, mais ce n'est pas pareil. » Elle a accroché des figurines, des chaussettes, des pères Noël. « Avec de la gomme à coller car ici, on ne peut pas faire de trous. » Et de revenir à sa situation : sa vie à trois, avec sa maman de 76 ans, dans cette habitation trop petite et trop fraîche. «  Mon plus beau cadeau, ce serait un coup de fil. Je ne quitte plus ce téléphone. Je veux qu'on me dise qu'on va réparer ma maison... » Pour ses enfants, Sabrina aimerait, elle, de la neige à Noël. «  Mais je me dis que pour les gens qui ont encore leur toit bâché, ce n'est pas terrible. »



14/12/2008
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