Tornade Hautmont

 Tornade Hautmont

À Boussières, Jean Poulet a perdu sa maison, pas son optimisme


 Jean Poulet attend de pouvoir remarcher, retrouver son métier de plaquiste et reconstruire sa maison. Ph «LA VOIX»

Jean Poulet attend de pouvoir remarcher, retrouver son métier de plaquiste et reconstruire sa maison. Ph «LA VOIX»

|  TÉMOIGNAGE |

La maison de Jean Poulet, à Boussières-sur-Sambre, a été intégralement soufflée par la tornade. Trois mois après, l'homme affiche un optimisme surprenant.

La photo, impressionnante, a circulé en boucle sur Internet : un cliché aérien où l'on voit la trace laissée sur le sol par la tornade. Un grand sillon dans les champs, puis cet amas de briques : c'était la maison de Jean Poulet, rasée en une minute. Comment a-t-il pu sortir vivant d'un truc pareil ? «  J'ai mon secret » dit-il en plaisantant. Évidemment, il n'en a pas la moindre idée.

Trois mois plus tard, l'homme a le sourire, des béquilles et une talonnette. Son pied a explosé ce soir-là, quand la paroi d'un mur lui est tombée dessus.

Depuis, il enchaîne les semaines à l'hôpital, a beaucoup de mal à se déplacer, mais garde le moral : « Ma femme et moi, on devrait être morts aujourd'hui. c'était une histoire de minutes, de secondes. J'ai eu beaucoup de chance, mais j'y pense pas à cette tornade. J'ai vu des psychiatres à Lille, je leur ai dit "tout va bien". Peut-être que ce n'est pas normal mais ça ne me fait ni chaud ni froid. Je me dis "y'a pire, t'es pas mort". » Il voit bien que sa femme, Sophie, a plus de mal à accepter la situation : « Des fois, elle ne dit rien, mais quand on retourne sur le terrain, elle change complètement de visage. J'ai l'impression qu'elle revient trois mois en arrière. C'était sa maison, son idéal.  » Jean hospitalisé, c'est elle qui a dû supporter le poids de l'après tornade. Il dit : « Sophie, elle est forte. C'est elle qui a fait toutes les démarches. Elle n'a pas toujours été aidée, elle m'appelait le soir à l'hôpital, elle était à bout de nerfs. » Il pense notamment à cette rumeur, qui s'est propagée dans le village et jusqu'à Hautmont : « Des gens ont dit qu'on avait reçu un don de plusieurs milliers d'euros ! C'est n'importe quoi, mais pour ton amour propre, c'est dégoûtant. » Ça lui reste en travers de la gorge, mais il est passé à autre chose : la reconstruction de son habitation. Pour l'heure, il loue une maison à Boussières, mais « le projet de reconstruction a démarré. J'espère qu'on aura rapidement le permis de construire. Ce sera fini en juillet-août. On a hâte que les travaux commencent.  » Il a hésité à quitter la région, à reconstruire ailleurs, puis s'est résigné à bâtir au même endroit. Avec des plans différents : « On ne voulait plus se sentir dans les mêmes murs... » Près d'un an à attendre pour voir son rêve se réaliser. C'est long, il en est conscient, mais ne se départit pas de son optimisme : « J'ai autre chose à faire que me plaindre. » Il sait aussi qu'il aura une nouvelle activité lorsqu'il remarchera : touché par la générosité des gens à l'égard des sinistrés, il s'est décidé à faire du bénévolat. Sa façon à lui de dire merci.


13/11/2008
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