Un an après, Hautmont pense à son avenir
Publié le lundi 03 août 2009 -www.nordeclair.Fr
Sur 183 familles sinistrées, 86 ont déjà été relogées, 33 autres attendent encore dans des mobile homes. Les dernières louent ou campent chez elles.Mais à la commune, on pense déjà à l'avenir et au futur visage d'Hautmont.
On
peut désormais parler des trois figures du quartier nord d'Hautmont.
Celui d'avant la tornade : un vieux faubourg résidentiel reculé, calme
et terne qu'une camionnette approvisionne en pain tous les matins faute
de commerce. Le second, celui du chaos du 4 août 2008 dont les
spectaculaires images ont fait le tour du pays. Et puis un troisième,
encore imprécis, qui sent la peinture fraîche et le parfum des bois, et
qu'une foule heureuse parcourt en vélo à la manière de ces figurines
plastiques sur les maquettes des promoteurs immobiliers.
C'est comme ça que le voit Dominique Maison, un architecte qui
travaille pour la ville depuis 1989. Lorsqu'il pose pour la première
fois le pied à Hautmont, il y trouve 800 logements vides et beaucoup
des habitants qui restent ne pensent qu'à partir. « C'était une des
villes les plus pauvres de toute la région. La fermeture des usines
sidérurgiques du val de Sambre l'avait plombée », raconte-t-il.
Vers le renouveau
Pendant des années, il s'acharne à y remettre de la vie. Il pousse la
commune à acquérir des friches qu'elle reconvertit, l'une en parc
public, l'autre en zone commerciale. Les artères du centre-ville
s'embellissent, des logements sociaux obsolètes sont abattus, une vraie
place centrale arborée avec terrasses et commerces sort de terre. Tout
n'est pas parfait mais on commence à se réinstaller à Hautmont.
Dominique Maison veut maintenant faire de la tornade un tremplin de la
rénovation du nord de la ville. Avec la même technique qu'avant :
acquérir du foncier puis transformer. La ville va ainsi récupérer
l'emplacement du lycée dévasté, de l'ancien collège ou encore du stade
sur lequel sont, pour l'instant, posés les mobile homes. « La priorité
est de désenclaver le quartier, avec un nouveau schéma de voirie. On
veut aussi en faire un vrai éco-quartier avec des espaces verts, des
pistes cyclables, un système pour recueillir les eaux de pluies... »,
s'enthousiasme l'architecte.
Au milieu des mobile homes, Joël Wilmotte s'y voit déjà. « Ici, on fera
une petite place avec des commerces, peut-être des antennes de service
public. Ça donnera un coeur à un quartier qui n'en avait pas »,
explique le maire en gesticulant.
Préparer l'avenir, c'est aussi prévenir. Afin de tirer les leçons de la
tornade, la ville a lancé un plan de sauvegarde communal. Un document
qui répertorie tous les risques auxquels est exposée la ville
(inondation, transport de matière dangereuse et, bien sûr, orages
violents) et définit le protocole à suivre pour y répondre. « Le
lendemain de la tornade, il y a eu quelques erreurs. On ne savait pas
toujours à qui demander quoi. Avec ce document, tout sera détaillé, y
compris les premières personnes à secourir en fonction de leurs lieux
et du type de sinistre », explique Pascal Cornut qui pilote le projet.
Espérons que les petites figurines qui peupleront le futur Hautmont
n'en feront pas usage tout de suite.
La parenthèse mobile home touche à sa fin pour Jean et Claudie Duret. Ils devraient passer Noël dans leur maison, entièrement rebâtie depuis « l'événement climatique », comme dit Jean. L'autre mot, il l'a proscrit de son langage.«Pour moi, c'était l'apocalypse. j'ai vraiment cru qu'on allait y rester », confie Claudie Duret. Blottie dans les bras de son mari, dans l'escalier de la maison, elle a vécu la peur de sa vie. Quand la tornade se calme, ils sont en chemise de nuit et doivent passer par-dessus une cabine téléphonique pour pouvoir sortir de chez eux. Une fois dehors, ils réalisent leur chance. Toute la partie supérieure de la maison a été soufflée. Il n'y a plus qu'un grand vide au-dessus du salon bourré de débris.Dans le mini living-room du mobile home, le désastre s'étale sur des photos souvenirs. Après bien des nuits d'angoisse - « à chaque orage, on croit que ça recommence » - la page semble tournée. Ne restent que des anecdotes qui font presque sourire aujourd'hui. « Vous voyez cette photo de mes grands-parents à leur mariage ? Eh bien, elle a été retrouvée des jours plus tard en Belgique ! », annonce Claudie Duret.L'année au mobile home s'est écoulée bon an mal an. « On est quand même un peu "groupir", s'esclaffe Jean avec son rire puissant de marin en escale. En 45 ans de mariage, on ne s'est jamais autant pris le bec que cette année ! » Un anniversaire que la famille au complet, 9 personnes, a célébré dans la grosse boîte en PVC.Coup de bluesIl y eut aussi les moments de blues, l'impatience face à des travaux toujours trop lents. « Dans ces cas-là, on prenait la bagnole et on filait sur la plage de Sainte-Cécile ou en Belgique pour s'aérer », raconte Jean. Au début, ils ont pensé à quitter Hautmont et partir dans le sud. Ils sont restés « pour les enfants », tous trois dans le Valenciennois. Et puis, par rapport à d'autres sinistrés, les Duret n'ont pas eu trop de soucis avec leur assurance qui leur a versé 3 000 euros d'acompte le premier jour, histoire de parer au plus pressé. « Je n'avais plus que mon slip sur moi », se souvient Jean.Maintenant, ils regardent de l'avant. Chaque jour, ils vont dans leur maison constater l'avancement. « Là, ce sera la cuisine, là le salon. On a voulu faire un plain-pied. Après tout, on vieillit », admet Claudie. C'est d'ailleurs la seule crainte de Jean, ne pas avoir le temps de profiter de la demeure. « Dans l'autre maison j'ai eu du bonheur, j'espère que ce sera pareil avec celle-là. » N.C.
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