Tornade Hautmont

Éclats de rire. La bonne humeur de Kader Zaoui, animateur au centre social des Provinces-françaises, est communicative. Entre deux blagues, neuf jeunes du quartier finalisent leur projet : créer des liens avec un groupe de jeunes Sénégalais. L'an dernier, ils étaient les invités, cette année ils seront les hôtes. Kader Zaoui se fait sérieux : « L'actualité fait que le projet a changé.

 » À l'origine, Français et Sénégalais devaient participer à la réhabilitation d'une salle du centre socioculturel. Mais dans la nuit du 3 au 4 août, une tornade a traversé le val de Sambre. Kader se souvient : « On venait d'atterrir au Sénégal quand ça s'est passé. On a appris la nouvelle en même temps que les Sénégalais. On était tous choqués. » Symboliquement, les Français aimeraient donc associer les Sénégalais à la reconstruction de la ville. « On va refaire la salle du centre, mais surtout, on va aller chez l'habitant réaliser de petits travaux pour réparer les dégâts. » Peintures, jardinage, aide à la personne, « on ne pourra pas tout faire en trois semaines, mais on fera le maximum. »

Chaleur sénégalaise, froideur française

Les jeunes Français espèrent également faire découvrir leur pays à leurs «  frères et soeurs de coeur », le zoo, les remparts, Lille, Paris aussi peut-être. Bref, rendre l'hospitalité. Entre deux sourires et trois éclats de rire, la jeune Dimo glisse que ce ne sera pas facile : « La chaleur sénégalaise n'a rien à voir avec la froideur d'ici. » Malicieuse, Fatimata ajoute : « Ils nous ont montré la mer, on leur fera voir la Sambre. » Éclat de rire général. Derrière ces mots pourtant, les jeunes Français défendent un projet : montrer le «  vrai visage de la France ». Kader hausse la voix pour couvrir le timbre des jeunes gens : « Il y a un vrai décalage entre l'image qu'ils se font de la France et la France telle qu'elle est vraiment. » Temps mort. Mamadou repense aux moments passés : « On était tout le temps ensemble. » Dimo acquiesce : « Ça, c'est vrai. Comme les deux doigts de la main qu'on était. » Et Mamadou d'ajouter, large sourire et yeux rieurs : « On était vingt, il y avait les doigts de pieds aussi.

 » Nouvel éclat de rire, communicatif là encore.

Et la suite du projet ? Clin d'oeil de Mamadou : « Bah le mariage, il va y avoir plein de mariages. » Rires. Kader l'animateur demande du calme, c'est un sujet important : « On travaille à l'élaboration d'une convention entre le centre social des Provinces-françaises et l'association ATD, pour que chaque année, il y ait des projets de ce genre. Parce qu'il y a encore beaucoup à faire. » Le rendez-vous touche à sa fin, la porte se referme, les rires continuent. •

EMMANUELLE BOBINEAU

source la voix du nord