Six
mois se sont écoulés depuis le passage de la tornade dans le val de
Sambre, dans la nuit du 3 au 4 août. Peu à peu, la vie reprend son
cours dans les zones sinistrées, mais les stigmates de la catastrophe
sont encore nombreux.
PAR EMMANUELLE BOBINEAU ET MYRIAM ZENINI
maubeuge@lavoixdunord.fr « On retrouve peu à peu une vie normale. »
Didier Lenclud et sa famille habitaient rue Gambetta à Hautmont. Leur
maison, dévastée par la tornade, sera prochainement rasée. Relogée en
bungalow, toute la famille (ils sont cinq en tout, les parents et leurs
trois filles) a emménagé fin novembre dans un appartement, rue...
Gambetta. « Le bungalow, ça nous a aidés au début, mais c'était devenu
invivable. » Trop petit, mal isolé, mal chauffé. Les Lenclud ont quitté
ce logement de fortune dès qu'ils ont pu. Aujourd'hui, ils n'attendent
qu'une chose : reconstruire une nouvelle maison au même endroit que la
précédente. « Différemment, bien sûr. C'est un nouveau départ. Mais on
ne veut pas quitter le quartier. On y a tous nos amis. » Six mois après
la catastrophe, le moral va mieux, mais les enfants restent choqués.
« On ne tirera jamais un trait sur la tornade, mais aujourd'hui, il
faut aller de l'avant. » Avec la tempête qui a sévi dans le sud de la
France, les cauchemars sont réapparus. Mais Didier Lenclud, d'un
naturel optimiste, envisage l'avenir avec sérénité. « On est vivants,
toute la famille est là. C'est le plus important. » Lahoucine et Naïma
ont emménagé dans un bungalow le 23 décembre dernier. Jusque-là, ce
couple de Neuf-Mesnilois continuait à vivre dans une maison endommagée
par la tornade. Du coup, Lahoucine se sent plus en sécurité, enfin « surtout ses enfants ». Le jour de la tornade, il était seul avec son plus jeune fils. « Il a été traumatisé, mais depuis ça va mieux. C'était la peur des grands qui était contagieuse ». Cependant, ce jeune trentenaire et sa famille n'attendent qu'une chose : retrouver leur maison, car « on n'est jamais mieux que chez soi ».
Sandrine Nicaise et son mari aussi ont déménagé. Une nouvelle
maison et une priorité : « vivre normalement ». La tornade ils en
parlent « parce qu'il ne faut pas ça soit un sujet tabou ». Mais il est
trop tôt pour faire des projets. « C'est encore dur. On se méfie des
arbres, on fait attention au vent. » Pour Isabelle Plouvier au
contraire, rien n'a changé. « C'est comme si la tornade avait eu lieu
hier. » Tous les jours, les mêmes angoisses, les mêmes cauchemars, les
mêmes peurs. Mains tremblantes et regard fuyant, la jeune femme murmure
: « Quand je monte me coucher, je regarde la fenêtre de toit, je
redescends trois ou quatre fois. » Relogés un temps chez leurs parents
respectifs, Isabelle et son ami Hakim ont emménagé, un peu avant les
fêtes de fin d'année, dans une nouvelle maison, à Hautmont. Du
provisoire. Encore choquée, la jeune femme ne sait pas si elle veut
faire reconstruire au même endroit. Le 3 de chaque mois, elle retourne
sur la zone sinistrée. « Un besoin. » Mais n'arrive pas à passer à
autre chose. « Depuis jeudi, je déprime. » Si elle avait un voeu à
faire, ce serait de « tout effacer.
Retrouver ma maison et ce que j'ai perdu cette nuit-là ».
la voix du nord