Le bois de Boussières, à moitié rasé, passé de belle forêt en morne plaine

Le bois, un an après : un paysage semblable à celui de Verdun, après la bataille.
| UN AN APRÈS LA TORNADE |
Même s'ils passent au second plan au regard du drame humain, les dégâts causés à la nature n'en sont pas moins à inscrire dans la colonne passif. Le cas du bois de Boussières-sur-Sambre, à moitié rasé.
Le
bois de Boussières est dans la famille, belge, des Mercier depuis trois
générations. « C'est mon grand-père qui l'avait acheté avant la guerre
39-45 », précise
Jean Mercier, enseignant en mathématiques à Mons, demeurant à Eugies, entité de Frameries.
D'une centaine d'hectares, le massif est possédé aujourd'hui par
moitié par deux branches de cette famille : Jean Mercier et ses frères,
en indivision, et Lucette Maquestiau-Mercier, cousine du père de Jean
(qui n'a pu être jointe).
La tornade a laissé une plaie béante. « On
appelle ça une tache. Là où c'est passé, il n'y a plus rien, et dix
mètres plus loin, tout est intact », indique-t-on à la Direction
départementale de l'agriculture et de la forêt, à Lille. Le phénomène
n'a pas fait non plus dans l'équité : du côté Mercier, on déplore
trente-cinq hectares de perdus, de l'autre une quinzaine. Pareil
bouleversement n'est pas sans conséquences sur la faune et la flore. La
nidification s'en est ressentie et les plus gros gibiers, chevreuils et
sangliers, ont déserté dans un premier temps les
lieux. Mais cette
situation est provisoire, commente Jean-Pierre Pasterniak, chef du
service départemental de l'Office national de la chasse et de la faune
sauvage. Selon les formules consacrées la nature, qui a horreur du
vide, reprend ses droits : libérés de l'emprise des arbres, les
ronciers se développent et attirent de nouveau les chevreuils, qui
raffolent de leurs feuilles, ainsi que les sangliers, qui s'y mettent à
l'abri.
C'est sur les plans écologique et économique que la facture est
lourde. Côté Jean Mercier, un tiers des arbres brisés net étaient des
chênes, le reste se partageant en frênes et superbes merisiers. Au
téléphone, Jean Mercier dit son « amertume », accentuée encore par un
sentiment d'injustice, dû bien sûr à ces pertes, non indemnisées, mais
aussi lié à l'histoire de ce bois. Comme beaucoup d'autres, tel le
massif de Mormal, le bois de Boussières avait été quasiment rasé par
les Allemands lors de la Première Guerre mondiale. Le grand-père
Mercier l'avait replanté. Or, il faut compter entre quatre-vingts ans
et un siècle pour pouvoir commencer à exploiter les arbres nobles, une
échéance qui se profilait. « Des bois de qualité vont finir
en
panneaux », commente- t-on à la DDAF. Un chiffre pour situer l'ampleur
de la tâche : depuis un an, mille mètres cubes ont été débités côté
Jean- Mercier. « Et il en reste », déplore
ce dernier.
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