Hautmont : deuil et mélancolie
Publié le lundi 03 août 2009. www.nordeclair.fr
Trois personnes étaient décédées, ensevelies dans leur maison, le soir de la tornade. Une quatrième s'était ôté la vie de désespoir au matin. Partir ? Reconstruire ? Des choix difficiles et qui divergent selon les familles des victimes.
Le 3 août 2008, comme assez souvent le dimanche, Daniel Legrand dîne
chez sa mère Yvette. Lui est divorcé et vit seul à Hautmont. À 72 ans,
elle, est veuve depuis le décès du père de Daniel en 2005. « On se
tenait compagnie », résume ce dernier. Vers 21 h, il rentre chez lui ;
sa mère se couche tôt.
Au plus fort de l'orage, le téléphone sonne. C'est son frère qui
appelle de Neuf-Mesnil. Il a entendu un moteur d'avion et vu ses vitres
voler en éclats. La tornade est passée tout près. « J'espère que maman
n'a rien, voilà ce qu'il m'a dit », se souvient Daniel. Au matin, il
traverse un champ de ruines, déboussolé. Il arrive chez elle. Il est
trop tard. Le corps de sa maman gît sous les gravats, inanimé.
Pas question de reconstruire
Un choc dur à oublier. « Seul, chez moi, je ne vois que du noir depuis un an. » D'autant que ce n'est pas le premier drame touchant la famille : Yvette Legrand avait perdu trois de ses enfants de mort violente, dont une fille et son fils de 17 ans assassinés en 2000, en pleine rue et à l'arme à feu...
La maison, pas question pour Daniel ni pour ses frères et soeurs de la reconstruire. Il faut tourner la page. Seulement, un petit-fils éloigné refuse de vendre le terrain. Jalousie de famille. Un conflit d'un an qui ne s'est achevé que vendredi. « C'est une voisine qui va récupérer le terrain pour en faire un jardin », explique Daniel qui n'a pas réussi à détacher ses yeux du terrain désert lors de l'inauguration de la stèle commémorative vendredi.
Pour les descendants des époux Fichaux, eux aussi emportés par la tornade, la décision est moins claire. Leur fille, qui ne souhaite pas s'exprimer sur le sujet, ne veut pas reconstruire mais refuse de vendre le terrain pour l'instant. Un détachement qui serait vécu pour elle sur le mode de la trahison. Alors, c'est le statut quo.
Rue Aimé Collet, la maison où Roger Edange s'était suicidé a été rasée. Le bailleur social Promocil pourrait acquérir le terrain pour le revendre à un voisin ou à un nouveau propriétaire. Mais aucune décision n'a encore été prise par la famille à l'heure actuelle.
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